Je cherchais, comme toujours, de nouvelles terres à découvrir, de nouvelles gueules. L'air frais du matin me faisait frémir de bonheur et l'espace qui m'entourait était vide; personne. Je commençais alors à courir, à marteler le sol de mes pattes puissantes. Oui, quel bonheur d'être là, de s'oxygéner d'un air nouveau et d'être seule ! Quelques minutes plus tard, je me rendis compte que ma solitude m'ennuyait un peu. Non pas parce que je ne le supporte pas, loin de là ! Oh non, parce que le fait de ne pas découvrir de nouvelles têtes m'énervait un peu.
Et puis, ce n'était pas si grave après tout, je n'étais pas le genre de louve qui souffre de la solitude, au contraire. Mais mon côté téméraire et avide de connaissances prenait le dessus. Toujours déchirée entre ces deux points positifs, j'arrivais toujours à trancher, et ce petit louveteau m'aida un peu.
Non loin de là, j'entendis du bruit, un grondement, puis, des pas. Un animal ? Je renifla et me rendit compte qu'un nouveau né était passé par là. Ne sentant pas la présence d'adulte, il devait sûrement être seul. Un louveteau seul ? Rien de plus irresponsable pour des parents loups, je ne comprendrais jamais cette manière d'agir ...
Je me mis alors à la recherche de ce petit aventurier, qui ne devait pas être bien loin, ça ne devait pas faire les 300 mètres en 30 secondes ces machins là ...
Au diable, pourquoi ne venait il pas devant moi, comme un petit ange innocent ? Non, il fallait qu'il joue à cache cache, comme un louveteau ! Enfin ...
Je me rendis compte que je n'étais plus très loin, à en juger par le bruit du clapotis de pattes dans l'eau, et d'un grondement qui m'étais très familier.
Oui, je savais ce que c'était d'être voué à soi même quand on est petit, et qu'on a terriblement faim !
Après plusieurs minutes de recherches, je tomba sur un louveteau noir, sautillant derrière une grenouille. Il avait l'air très affaiblit. Oh mon dieu pauvre petit ! Sans réfléchir (car elle connaissait très bien le comportement des nouveau né) elle s'approcha doucement et le pris dans sa gueule. Pas question de revenir au Nord, il ne supporterait sans doute pas le froid, et même s'il le pourrait, son estomac ne tiendrait pas la route. Je l'emmena alors un peu plus loin, là où l'herbe était un peu plus abondante, et le déposa là.
Le ciel était avec nous, un petit oiseau s'aventura sur notre chemin et je l'attrapa d'un coup de gueule ferme. Je sentais déjà le sang chaud qui coulait abondamment dans ma gueule. Je le déposa alors en face du louveteau, espérant de tout coeur qu'il accepte ce cadeau.