Découverte... //LIBRE

Gabrielle slalomait rapidement entre les arbres avec sa pie apprivoisée, Cléo à ses trousses. La louve grise courrait depuis un moment, simplement pour tester ses capacités. Pour l’instant, elle n’avait découvert que les défauts de la vie terrestre. Il lui tardait de découvrir quelque chose de mieux. Parce que, pour l’instant, elle était tentée de se donner la mort pour remonter au paradis… D’ailleurs elle avait essayé, une seule fois, mais ça avait été tellement horrible qu’elle avait tout de suite arrêté. Pour elle, vivre comme une louve normale était une horreur pourtant, comme tout les êtres vivants, une force incroyable la rattachait à la vie… Et puis, finir en charpie au fond d’une falaise n’était pas vraiment tentant.

Alors elle testait les capacités de son enveloppe charnelle. Son corps était plutôt agile et gracieux, l’ex-ange gardien allait donc très vite. L’air frais du matin glissait sur ses flancs et ses pattes s’enfonçaient dans la mousse et les feuilles mortes qui tapissaient le sol. « Hep ! Si tu continue, on va quitter le territoire ! » Piailla Cléo. A vrai dire, Gabrielle s’en fichait. Elle ne se sentait pas vraiment concernée par les règles qu’imposait la vie dans une meute. Elle avait déjà assez de mal d’obéir à l’Alpha.

-T’es fatigué le piaf ? Dit-elle d’une voix moqueuse.
Sur ses paroles, elle accéléra de plus belle. Le volatil piailla avant d’accélérer a son tours. Seulement, la grise commençait déjà à ressentir les limites de son corps ce qui lui arracha un grognement. « Tu n’as pas l’air en forme non plus ! » railla la pie. Gabrielle la fusilla de son regard mauve tout en ralentissant. Ca l’énervait plus qu’autre chose car elle n’aimait pas avoir tort.
Après quelques pas, elle fut complètement arrêtée. Malgré sa respiration saccadée sous l’effort, Gabrielle se devait de reconnaitre qu’elle allait plutôt vite. Elle venait de traverser tout le territoire du Sud sans s’essouffler. D’ailleurs, où avait-elle atterrit ? Elle avait senti depuis un moment déjà qu’ils n’étaient plus chez les Australs. La grise tourna la tête de droite à gauche pour tenter de se repérer. Ca ne faisait pas beaucoup de temps qu’elle était mortelle et ça ne faisait pas beaucoup de temps non-plus quelle était chez les Australs. Tout ça pour dire qu’elle n’avait aucune idée d’où elle se trouvait. Après un soupir exaspéré, elle demanda à Cléo si elle savait où elles étaient. Elle s’en doutait mais bon, la pie ne savait pas non-plus. Cette forêt couverte de brume ne lui disait rien du tout, Pourtant, elle avait fait le tour des frontières et on lui avait cité le nom de tous les lieux de Roaring Wolf. Mais, encore accablée de désespoir, elle n’avait rien écouté. Gabrielle savait qu’elle n’était pas perdue.

Après avoir repris son souffle et s’être désaltérée dans une flaque, elle entreprit d’explorer le coin. Un truc pas trop désagréable. L’air était frais, il y avait de la mousse qui tapissait le sol, de nombreuses flaques et le gibier semblait affluer. Cela lui faisait du bien car dans sa meute il faisait mourant de chaud. Cléo se posa sur son épaule non sans se plaindre. La pie trouvait toujours une raison de se plaindre, ce qui avait le don d’agacer Gabrielle. Pourtant, elle l’a supportait. Et puis, cette pie, aussi agaçante soit-elle, était sa seule compagnie. Gabrielle avançait gaiement tout en scrutant le paysage et en reniflant les quelques fleurs présente. Les fleurs, Gabrielle les aimaient vraiment beaucoup. C’était très beau et ça sentait vraiment bon. La louve paraissait toute a fait normale, mis a part son attitude fière. Gabrielle était comme ça. Toujours fière, et ce, même dans les pires situations. Chacun ses défauts…

Gabrielle continuait son exploration en ces lieux inconnus. C’est vrai que la brume lui portait sur les nerfs car elle réduisait sa vision à seulement quelques centimètres. D’ailleurs elle s’était brisé la cheville. La belle louve avait poussé un cri puis la blessure c’est réparée de suite. Maudit trou de souris ! C’est sûr que cette balade sensée être agréable virait à la mauvaise aventure…
Cléo c’était envolée dans les cieux pour tenter de ce repérer. Et bien, heureusement que les pies ne migrent pas ! Elle n’avait rien su voir à part des cimes d’arbres sortir de la brume sur plusieurs dizaine de mètres… Autant dire que la louve savait qu’elle était perdue. Elle tentait d’ailleurs de se trouver une excuse valable pour tout ce temps perdu. Annoncer qu’elle c’était perdue ? Jamais ! C’est simple, elle n’avait qu’à récolter quelques plantes au nom compliqué et personne ne lui dirait rien. A part les guérisseurs, peu de loups connaissent le nom des plantes. Sa supérieure ne se douterait de rien non-plu. Qu’il est facile de berner tout ces idiots !

A pas prudent, les sens en alerte, Gabrielle tâchait de trouver des plantes qui manquaient dans le stock. La terre couverte de mousse et de feuilles morte imprimait les traces de ses pas. Les patrouilles pouvaient facilement la repérer. Mais, après avoir senti quelques touffes d’herbes et troncs, la louve avait remarqué qu’aucune odeur spécifique ne marquait l’endroit. Était-ce un territoire neutre ? C’était plausible. D’autant plus qu’on lui avait parlé des terres centrales qui n’appartenaient à personne de particulier. Tout le monde était libre de venir ici.
Un rayon de soleil réussit à transpercer le feuillage, laissant apparaître une magnifique plante. Intriguée, la louve s’approcha. Cette plante lui était inconnue. Sa corolle mauve, ses feuilles aux courbes délicates, son parfum délicieux,… Non, la guérisseuse ne connaissait pas cette espèce de fleur. Un courant d’air la fit tourner la tête et quelque chose lui griffa le museau. « Aïe, Cléo ! Mais fait attention ! » cria Gabrielle. En effet, c’était Cléo qui venait de lui atterrir sur le museau. La louve secoua la tête pour chasser l’oiseau qui alla se poser d’un coup d’aile sur son épaule. « Désolée, j’ai pris un mauvais courant d’air… » déclara la pie d’un ton désolé. La guérisseuse soupira puis repris son analyse de ce végétal si intrigant…

Elle grogna quand elle se rendit compte qu’elle n’était pas seule. En effet, à moins d’un mètre résonnait un son d’os brisé. Elle tourna la tête dans la direction du bruit pour n’apercevoir que de la brume… Elle plissa les yeux, se concentra et finit par apercevoir un loup qui rognait une carcasse. La grise décrit un signe de tête pour le saluer. Elle s’en fichait pas mal qu’il n’ai rien pu voir à cause du brouillard. Tout en reposant son regard sur la fleur, Gabrielle se demandait si elle devait la rapporter au camp pour faire des tests ou les faire ici. Mais en y réfléchissant, il valait mieux qu’elle la rapporte. Oui, la louve était toujours en quête d’une excuse…
Un piaillement retentit suivi d’un déplacement d’air. La louve eu à peine le temps de se rendre compte que c’était Cléo qui venait de s’envoler que l’oiseau était déjà posé au pied de l’inconnu. « Salutation ! Alors, on est grincheux aujourd’hui ? » dit-elle. La mine de Gabrielle se déconfit. Ce stupide volatile venait de s’offrir sur un plateau ! La belle grise bondit, tout croc dehors. Elle atterrit directement près du canidé. En un coup de patte, elle dégagea l’oiseau pour le placer sur son dos. Même pas une seconde après, toute attitude agressive avait disparu. Elle ne voulait simplement pas qu’on touche à sa chère compagne de route. Elle se recula pour s’asseoir à une bonne distance de l’inconnu. « Je suis désolée. » se contenta-t-elle de dire. Puis elle le regarda longuement. Regard glacé, froid, énigmatique…