Le mot impossible ne devrait pas exister (PV: Nyara et Satan)

Nyara soupira. Il faisait nuit. Elle était à son camp, tranquille, quand elle eut brusquement envie de se dégourdir les pattes. Elle avait laissé ses pas la guider vers la mer des rêves, l'esprit occupé. Durant tout le trajet, elle avait réfléchi... Elle en avait parfois marre de vivre son train-train quotidien, elle se demandait que faire pour changer... Mais au fond, elle savait ce qu'elle voulait. Cela faisait un moment qu'elle n'avait pas eu de compagnon. Elle rêvait souvent qu'elle était la mère d'une petite portée... Avec sa mère à elle. Enfin parvenue à la mer magnfique, elle s'était assise, apaisée, prise dans la magie de l'endroit. Mais ses pensées s'étaient à nouveau tournées vers sa mère ; qui était-elle ? Etait-elle toujours en vie ? L'avait-elle délibérément abandonnée à son père ? N'ayant pas la moindre bribe de réponse, elle soupira à nouveau. Une douce brise s'éleva, et elle apprécia la caresse tiède du vent qui s'engouffrait dans son pelage. Cette mer était vraiment belle... S'abandonnant à la plénitude du lieu, Nyara ferma les yeux et sourit. Sans même s'en rendre compte, elle s'allongea et plongea doucement dans un sommeil bienvenu, bercée par le vent et le clapotis des vagues.

*

La jeune louve ouvrit les yeux. La lueur dorée de l'aube se reflétait sur la surface de l'eau, projetant de doux reflets ambrés sur son pelage argenté, et faisait rougeoyer ses yeux oranges. Nyara se redressa, s'étira en refermant à demi les paupières, et bâilla longuement. Jamais elle n'avait passé une nuit aussi agréable... Elle s'assit et entreprit de faire sa toilette, essayant de se souvenir de quoi elle avait rêvé. Elle fronça les sourcils ; pas moyen... Elle revoyait vaguement un louveteau au pelage sombre gambader joyeusement, suivi de deux ou trois autres plutôt semblables, bien qu'à l'allure différente. Il y avait autre chose... Une présence mâle. Nyara était assez intelligente pour faire le rapprochement ; elle avait de nouveau rêvé d'une portée éventuelle dont elle serait la mère... D'ordinaire, elle aurait tristement secoué la tête et serait rentrée chez elle, mais les rumeurs qui couraient sur ce lieu lui donnèrent espoir. Se pourrait-il que son souhait se réalise un jour ? Elle resta un moment à contempler la mer, puis décida qu'elle n'était pas utile à sa Meute en restant ici à rêvasser. Elle s'ébroua, se retourna et s'apprêta à partir lorsqu'elle entendit un bruit insolite ; elle se retourna vivement et srcuta les alentours. Rien... En tendant les oreilles, Nyara entendit pourtant un très léger son de respiration. On l'observait. Elle soupira et s'assit, avant de prendre la parole d'une voix haute et claire :

- Je sais que tu es là. Pourquoi te caches-tu, tu n'es pas sur ton territoire ? Dans ce cas, je te conseille vivement de te montrer.

La femelle n'était pas violente, mais n'aimait pas qu'on l'épie, et était dotée d'une loyauté indéfectible à sa Meute. Si l'inconnu était un intrus, il devrait s'expliquer.

[toujours d'actualité ? ]

Nyara fronça légèrement les sourcils et réfléchit. Satan... Ce nom lui était familier. Pourquoi ? Elle ne parvenait pas à s'en souvenir. Démon-loup ? Etrange... Assez inquiétant, d'ailleurs. Mais il ne lui avait pas dit s'il était solitaire ou non. Serait-il... un banni ? Elle retint un grognement et répondit :

- Je t'appelerai Satan, alors. Mais qu'entends-tu par démon-loup ? Et je te repose la question, es-tu un solitaire ?

Nyara trouvait que le loup blanc était vraiment grand. Il le dépassait d'une tête ! La réponse tardant à venir, elle soupira légèrement et tourna à nouveau son regard vers la mer des rêves. Elle espérait de tout son coeur que ce qu'on racontait dessus était la vérité... Elle agita nerveusement la queue, sans même s'en rendre compte, excitée par cette idée. Peut-être aurait-elle réellement des petits ? Elle poussa un autre soupir, attristée, en se rappelant le vrai problème : avec qui... ? Oubliant presque la présence de Satan, Nyara s'allongea et s'étendit de tout son long, profitant du soleil levant. Puis elle leva la tête et regarda le loup blanc. Les rayons du soleil illuminaient celui-ci, le parant de reflets d'or et faisant briller ses yeux d'un bleu glacial. Une légère brise ébouriffait légèrement son pelage, lui faisant comme une aura de mèches folles. Un sourire flotta sur le visage de la louve argentée ; elle appréciait le spectacle, se demandant à quoi elle-même ressemblait sous le soleil et le vent. Sans doute pas grand-chose... Ses yeux de braise étaient plus inquiétants qu'autre chose, d'ordinaire, même s'ils reflétaient sa sympathie et sa générosité sans borne. Et son pelage, bah... Elle l'aurait tellement préféré uni. De nombreuses nuances de gris couraient sur sa fourrure, bien que l'argenté était dominant, lui donnant des allures d'ombre métallique, selon elle.