Rencontre pluvieuse (PV : Toshiro)

La pluie glaciale fouettait mon dos, encore et encore, traversant mon pelage, l'aplatissant jusqu'à me faire plus petite et vulnérable que je l'étais réellement. Je m'en fichais. Au contraire, cela me convenait parfaitement. Mouillé, mon pelage éclatant devenait plus terne, et ainsi plus discret. Et cela masquait les odeurs. J'aimais également ce temps, car grâce aux nuages, on pouvait observer partout sans se faire aveugler par ce satané soleil. La seule chose qui me dérangeait, c'était le sol spongieux de la forêt... Les traces de gibier étaient effacées, et il m'était légèrement plus difficile de marcher là-dedans. Alors que je réfléchissais à ce que j'étais venue chercher dans cet endroit inhospitalier, j'entendis un bruit, infime, mais qui sortait de l'ordinaire. Je fis comme si de rien n'était mais tendis l'oreille. Il y avait bien un loup pas loin. Je ne savais pas s'il m'avait vu. Je me glissai discrètement derrière un arbre, à priori hors de sa vue, et attendit.

(désolée de la taille de mon rp, je n'avais pas beaucoup de temps ^^)

Je sentis soudain un mouvement derrière moi et me retournai, contenant mon agacement et une pointe de surprise. Un mâle m'avait repéré et s'était glissé derrière moi. ; je ne distinguai pas très bien son odeur, et il me fallut quelques instants pour comprendre qu'il venait de l'Est, tout comme moi. J'étais légèrement déçue ; une petite bataille aurait fini de me combler, et je me sentais parfaitement d'humeur. Mais étant de la même Meute que moi, je n'avais aucune raison de l'attaquer... Je ne l'avais jamais vu. C'était un loup blanc aux yeux d'une belle couleur turquoise, que la pluie n'avait pas entièrement débarrassé de quelques taches de sang. Il arborait une expression vaguement dégoûtée. Il était certes de l'Est, mais je croyais bien ne l'avoir jamais rencontré.

- Qui es-tu ?

Je reculai légèrement, trop près de lui à mon goût, et me plaçai en une discrète position d'attaque. "Toujours s'attendre à être attaqué. N'importe quand, n'importe où, par n'importe qui. Et agir en conséquence." C'était l'une des nombreuses leçons que j'avais appris et retenu à mes dépens, et que j'appliquais en toutes circonstances, presque sans m'en rendre compte. J'attendais avec une pointe d'impatience la réponse, car j'avais mieux à faire. Mais pourtant, quelque chose me retenait de partit sans plus attendre, et c'était prodigieusement agaçant...

"Je pense qu'avant de répondre, moi, je te saluerais avec le minimum de politesse que je suis capable d'exprimer: salutation."

Je haussai un sourcil, désapprobatrice. De la politesse ? Et puis quoi encore ? La politesse ne servait qu'à perdre du temps, et obligeait à mentir.

"Salut. Désolé pour t'avoir répondu ainsi bizarrement. C'est juste que j'ai dus tuer une famille de renard il y a quelques minutes... Cela m'a répugné. Autrement, je m'appelle Toshiro. Je suis Mercenaire et, je crois, dans la même meute que toi. A présent, je te retourne la question."

Il avait répondu à toute mes futures questions ; voilà qui était fait. Tuer l'avait répugné ? Je haussai encore un sourcil. Chacun ses goûts... Il était mercenaire ? Oh, bien, cela voulait dire que j'étais son chef. Il sembla se détendre, je n'en fis rien, appliquant mes propres leçons.

- Je suis Saba. Je viens en effet de l'Est, j'y suis chef mercenaire.

Il semblait avoir compris que je n'étais pas du genre à faire dans la dentelle, et s'était légèrement écarté. Tandis que la pluie redoublait brusquement d'ardeur, j'agitai nerveusement la tête pour chasser les gouttelettes et détailla le jeune mâle des pieds à la tête. Plutôt joli, malgré son pelage terni et aplati par la pluie, il avait l'air assez frêle. Mais quelque chose me dit que c'était un bon combattant ; je ne saurais dire quoi. Je restai immobile et attendit qu'il récupère la parole.

(Désolé pour la taille de mon RP --')

"Je suis Saba. Je viens en effet de l'Est, j'y suis chef mercenaire."

Je sursautai discrètement. Chef mercenaire? Une louve? Ma chef! Des tonnes de questions défilèrent dans ma tête. Saba était mon supérieur, et, je ne l'avais jamais vue. Un drôle d’expression se forma dans mes yeux : un regard avec une légère pointe de surprise et de honte.

Je n’avais jamais rencontré les Chefs Mercenaires, et, rencontrer Saba comme ça me choquait un peu. Dans le temps, j’avais été le seul maître de moi-même. Remarque, Kaname m’avait toujours un peu impressionné.

Je secouai mon pelage blanc, nerveux. Mes yeux balayèrent les alentours avant de revenir sur la louve blanche. Je demandai alors :

«Silteplait Saba, raconte-moi ton passé… Ton passé avant d'être devenue Chef Mercenaire. »

Mon question était personnelle et indiscrète, mais si elle me racontait son passé, ça détendrait les tensions et, volontiers pour une raison que j’ignorai, je lui aurais raconté le mien.
Elle aurait été la première à le connaitre. Mon passé, pathétique m’attristait. Je ne me serais jamais confié à une louve inconnue. Mais elle m’inspirait respect, gloire et confiance.

«Silteplait Saba, raconte-moi ton passé… Ton passé avant d'être devenue Chef Mercenaire. »

Je retins un sursaut, surprise. Je ne m'y étais pas attendue du tout ! Qu'avait-il à faire de mon passé ? Je sentis qu'il n'aimait pas et n'avait pas l'habitude d'être commandé. Puis je réfléchis à sa question, plutôt indiscrète... Mon passé... Mes yeux se perdirent dans le vague tandis que je rassemblai mes souvenirs.

- Mon passé ? Eh bien... Je sais qu'avant d'avoir rencontré la Meute de l'Est, je vivais ma vie seule, à chasser, tuer, et apprendre. Je ne sais pas, je ne sais plus quand j'ai commencé à perdre la mémoire... Je sais simplement que c'est en rapport avec mon pouvoir. A changer trop souvent de personnalité, je crois que j'oublie certains évènements importants de ma vie. Mon souvenir le plus lointain remonte à mes 2 ans, je crois... Du sang. Beaucoup de sang, ma première bataille. La première fois que je goûtais au sang de loup.

Je m'interrompai en fronçant les sourcils. Un détail semblait remonter à la surface, un détail assez capital, que je ne parvenais pas à saisir. Il glissait sur mon esprit et ne voulait pas y rester... Au bout de quelques secondes de lutte, je laissai tomber et me tournai à nouveau vers Toshiro.

- Je sais que j'ai beaucoup voyagé avant de découvrir la Meute de l'Est, où je suis devenue chef mercenaire.

Je penchai la tête sur le côté.

- Je me trompe ou tu n'aimes pas être commandé ?

J'avais dit cela d'un ton neutre, m'en fichant un peu, au fond. C'est pourquoi je changeai d'avis et repris, sans attendre sa réponse :

- Et toi, quel est ton passé ?

Un bref silence s'en suivit, pendant lequel on n'entendit plus que le son étouffé des gouttes de pluie dans les feuilles mouillées, et le vent souffler dans les feuilles.

"Mon passé ? Eh bien... Je sais qu'avant d'avoir rencontré la
Meute de l'Est, je vivais ma vie seule, à chasser, tuer, et apprendre.
Je ne sais pas, je ne sais plus quand j'ai commencé à perdre la
mémoire... Je sais simplement que c'est en rapport avec mon pouvoir. A
changer trop souvent de personnalité, je crois que j'oublie certains
évènements importants de ma vie. Mon souvenir le plus lointain remonte à
mes 2 ans, je crois... Du sang. Beaucoup de sang, ma première bataille.
La première fois que je goûtais au sang de loup."

La louve avait répondu rapidement sans se défiler. Nette. Elle semblait fouiller des ses souvenirs au plus profond d'elle même. La vent me fouettait. Cette histoire m'intriguait et m'inspirait de la pitié. Cette louve avait une pointe de mélancolie. Elle ne se souvenait plus de son passé...
Elle reprit la parole, un peu remise de ses émotions:

"Je me trompe ou tu n'aimes pas être commandé ?"

Elle se reprit:

"Et toi, quel est ton passé ?"

Bien. Cette louve semblait avoir un cœur sous cette carapace
solide. De même pour moi. Impulsif par moment, froid et égoïste. Mais au fond
de moi, dormait un louveteau cherchant l’amour de sa mère, grandissant.

« Et bien… Pour commencer; je n’ai plus de
souvenirs de mes parents. Tôt dans mon enfance, j’ai été victime d’un incendie.
J’ai perdu la mémoire, et en même temps mes parents. Un loup m’a sauvé, mon
frère Kaname. Lui aussi je l’avais oublié. Il ne vivait plus avec mon père et
ma mère depuis longtemps, et il avait pris
le contrôle des loups ayant survécus aux flammes. J’ai grandis seul, avec des inconnus
qui me rappelaient vaguement quelque chose, mais je ne disais rien. Je ne
parlais pas. Lors de ma maturité, j’ai dû cohabiter avec des jeunes loups de
mon âge. Ils m’ont maltraité et j’ai voulu m’enfuir. Kaname m’en a empêché. Je
ne savais pas qui il était, il me semblait que je ne lui avais jamais parlé. Il
m’impressionnait. Il m’a ramené dans sa caverne et a ranimé dans ma mémoire les
souvenirs que j’avais de lui. A partir de ce jour, j’étais heureux. Je restais
avec mon frère, respecté de tous. Mais un jour les loups de la meute ont
découverts que nous avions des pouvoirs et ils nous ont chassés. J’ai voulu les
punir avec mon pouvoir, mais mon frère les a défendus. Je l’ai détesté. Mon
amour propre en avait pris un coup. »

Les larmes me montaient aux yeux. Je respirai un grand coup
puis m’empressai de continuer :

« Je n’ai plus voulu lui parler. Nous sommes partis au
milieu des désert enneigé ; il est devenu dépressif et me donnait toute
les proies qu’il trouvait qu’il trouvait. Ce ne fut qu’au moment où il a mourut
que je lui ai pardonné. Je m’en voulais vraiment. J’ai finalement terminé l’étendue
blanche avant de rencontrer Leader, un loup de l’Ouest. Et puis je suis arrivé
dans la Meute de l’Est et grâce à mon pouvoir je suis devenu Mercenaire. »

Je la regardai, les yeux embués puis demandai :

« J’espère que je ne t’ai pas ennuyée. Bref, veux-tu qu’on
fasse une partie de chasse ? Cela me changera les idées. »

Je reniflai et bombai mon torse. Mon chagrin était
passé.

Je restai silencieuse un instant. Je n'avais pas effacé toute la partie sympathique de mon âme et l'émotion de Toshiro m'avait légèrement touchée. Je sentis que j'étais la première louve à qui il se confiait, et cela m'étonna... Son histoire était singulière. Je fus prise soudainement d'un accès de mélancolie d'avoir perdu mes souvenirs. Ils étaient peut-être importants... Mais baste. Le plus important, c'était d'aller de l'avant. Quand le jeune mâle eut fini, il leva vers moi des yeux brillants :

« J’espère que je ne t’ai pas ennuyée. Bref, veux-tu qu’on
fasse une partie de chasse ? Cela me changera les idées. »

J'hésitai un instant, prise au dépourvu. Pourquoi pas... ? J'avais faim, et la compagnie de ce loup n'était pas si désagréable.

- Okay, pourquoi pas ? Non, tu ne m'as pas ennuyée.

Je préférai finalement une position de chasse à ma position de combat, et me détournai, le museau au vent, pour flairer l'odeur d'une proie. Sauf avec l'intention de chasser de la boue, je ne trouvai pas grand-chose, pour le moment... Jusqu'à qu'une effluve subtile parvint à mes narines. Je dressai les oreilles.

- Un élan, par là-bas.

C'était une proie assez compliquée, qu'on pouvait difficilement avoir seul. Je m'en savais capable, mais cela prenait un certain temps.

- Je lui saute sur le dos, tu t'arranges pour le faire tomber ?

(désolée de la taille =/)

Après la brève mais éprouvante lutte contre l'énorme animal, je m'assis et commençai à faire ma toilette. Je goûtais avec délice le sang d'élan qui coulait sur ma langue, et observais Toshiro du coin de l'oeil. Il avait du talent et méritait son grade de mercenaire, c'était certain. Je sentis qu'il appréciait cette chasse, et vit qu'il m'observait. Alors, il prit la parole d'un air enjoué :

« Vas-y sert toi d’abord. Je mangerais après. »

"Galant." me dis-je. Ce n'était pas une caractéristique courante chez les loups de l'Est, et cela me prit légèrement au dépourvu. Puis je décidai d'agir en tant que chef mercenaire avec son subordonné, et après un mouvement de l'approbation du museau, me penchai sur la chair savoureuse. En quelques claquements de mâchoire précis, je sectionnai quelques tendons et me découpai ainsi un gros morceau, plus facile à transporter. Il fallait toujours prévoir une retraite rapide, et se préparer ainsi en toute circonstances. Je pris mon morceau dans la gueule, et reculai de quelques pas, lui indiquant que c'était à son tour de se servir. Il s'exécuta, et nous mangeâmes en silence, pendant un moment. Je mangeais lentement ma part, de sorte à en garder un maximum. Même si, évidemment, nous avions bien assez pour plusieurs jours avec la bête entière... Je réfléchissais à un endroit pour cacher notre butin ; je n'avais jamais aimé obéir au doigt et à l'oeil et il était hors de question de partager cette viande avec la Meute entière. De plus, je sentais une curieuse fierté d'avoir tué cet élan en si peu de temps, et cela me donnait l'impression d'être plus proche du jeune mâle. Cette proximité d'esprit était nouvelle, et méritait réflexion. Et cette viande était également nouvelle, et méritait que seuls nous deux la mangions. Je m'interrompai un instant, surprise par le cours de mes pensées, et utilisai prudemment mon pouvoir, rajoutant un peu de patience et ôtant un peu de méchanceté à mon âme. Cela me permit de réfléchir avec plus de recul ; la présence de Toshiro m'intriguait. J'avais l'impression de l'avoir déjà connu. Je chassai cette idée de mon esprit, et continuai de manger. Puis je finis par trouver le silence un peu lourd, et pris la parole :

- Je te propose de garder le fruit de notre chasse pour nous... Il y en a pour des jours. En revanche, je ne vois pas bien où nous pourrions cacher cette masse. Tu as une idée ?
J'avais longuement exploré cette forêt, et je connaissais quelques coins utiles, mais aucun n'était assez grand ni assez discret. Je me mis à espérer que lui me fournirait une réponse.

« Hum, je connais une caverne. Elle n’est plus habitée depuis un bon bout de temps. J’y ai passé une nuit, elle était pas mal. Au fond, se trouve une source naturelle. Si on cachait la viande dans ce coin-là elle pourrait y être conservée au frais, je crois. »

Oh, parfait ! L’endroit qu’il me décrivait était idéal. Une source naturelle ? Nous pourrions nous y abreuver… Restait à vérifier que c’était assez discret. Je l’espérais… Il chargea de la nourriture sur son dos, et je l’imitai avec un temps de retard – et une pointe d’agacement. Après quoi, nous prîmes chacun un maximum de viande dans notre gueule, et il s’approcha de moi :

« Suis-moi Saba. La caverne est au nord. Elle n’est pas très loin. »

J’acquiesçai et lui emboîtai le pas. Il passa près de moi en me doublant, et cela me ramena brusquement à ma pensée d’un peu plus tôt ; il me rappelait vaguement quelqu’un… J’étais pourtant certaine de n’avoir côtoyé personne qui lui ressemblait. Ne serait-ce que physiquement… Je fronçai les sourcils, troublée, et pris soudain la décision d’effacer toute la méchanceté et l’égocentrisme de mon âme. Cela faisait la deuxième fois que j’utilisais mon pouvoir, en l’espace de moins d’une heure… Signe que j’étais vraiment troublée. En temps normal, je ne m’en servais au maximum qu’une fois par mois… Bref. Débarrassée de ces inconvénients, je pris le temps de réfléchir calmement, tout en marchant derrière le mâle d’un pas léger. Et si cette impression de le connaître venait du fait que je semblais bien m’entendre avec lui ? Oui, c’était possible… Je n’y connaissais pas grand-chose mais possédait un grand sens de la logique, et cela ne me paraissait pas trop étrange. Je m’arrêtai l’espace d’une demi-seconde, réalisant ce à quoi j’étais en train de penser ; j’appréciais Toshiro ? Avais-je jamais apprécié quelqu’un ? La réponse me parvint, claire comme de l’eau de roche : non. Ou du moins, si cela avait été le cas, je n’en gardais aucun souvenir… ce qui était également possible. Cette question me tenaillait… Qu’avais-je pu oublier, depuis tout ce temps ? J’avais presque du mal à me souvenir de mon âge… J’observai Toshiro du coin de l’œil. Il semblait lui aussi en proie à un débat intérieur… Soudain, alors que je m’apprêtai à prendre la parole pour briser le silence pesant, il me devança, une expression étrange sur le visage :

« Tu sais… Je ne connais pas beaucoup de louves et dans ma vie, je n’ai parlé qu’avec toi… Et du coup… Hum…Je…J’aimerais mieux te connaitre. »

Je demeurai stupidement immobile pendant un instant. Que disait-il ?? Je sentis une joie indescriptible monter en moi, pour s’assombrir brusquement, pour se transformer ensuite en stupéfaction, puis en colère, avant de disparaître totalement pour laisser la place à une sensation écrasante d’impuissance. Je ne comprenais rien à ce flot de sensations, et tentai de réfléchir. Une fois de plus, je dus avoir recours à mon pouvoir… Plus une trace de timidité me serai utile. Après un instant de réflexion, je me décidai à répondre :

- Eh bien… Apprenons à nous connaître, qu’en dis-tu ? J’ai également côtoyé peu de loups… Des alliés, ou des ennemis. Tu es… Différent, je crois. Je crois que j’apprécie ta compagnie… Honnêtement, cela ne m’est jamais arrivé, du plus loin que je me souvienne. Mais je change souvent de personnalité, tu sais ?

Je me sentais stupide... Tout cela était nouveau pour moi, et je n'aimais pas l'inconnu. Peut-être cela allait-il vite m'agacer, peut-être allais-je m'y habituer... pas moyen de le savoir.

"Eh bien… Apprenons à nous connaître, qu’en dis-tu ? J’ai
également côtoyé peu de loups… Des alliés, ou des ennemis. Tu es…
Différent, je crois. Je crois que j’apprécie ta compagnie… Honnêtement,
cela ne m’est jamais arrivé, du plus loin que je me souvienne. Mais je
change souvent de personnalité, tu sais ?"

Je n'arrivais à y croire. Comment avais-je pu lui plaire, moi sombre petit loup?
Je la regarda avec mon plus beau sourire. Je n'avais jamais développé de relations aussi intimes avec un loup depuis mon frère. Dire que ça faisait une heure que je la connaissais!
J'eus des remords. Moi Mercenaire, avoir une copine? C'était pas sérieux. Calling se moquerait de moi. Il fallait être dur, ce que j'étais en temps normal. Froid, distant et prêt à sauter sur la gorge de l'ennemi. Un loup puissant, respectant les ordres.
Mais comment Saba m'avait elle déstabilisé?

De toute façon, jamais je n'arriverai à lui dire. Il fallait que je me fasse une raison. Rester seul.
Rien qu'à l'idée ça me plaisait, mais au fond de moi un loup hurlait à la mort.
Je détournai la tête et aperçus la grotte. Je ralentis.
Il fallait que nos relations restent celles d'un subordonné envers son commandant.
Je savais que j'avais gardé un silence tendu depuis sa réponse. Je répondis alors, reprenant mes esprits, avec une pointe de tristesse mélangée à de la fermeté:

"Changer de personnalité? Quel étrange pouvoir... Le mien... et bien... A vrai dire, j'arrive à manier un sabre. Tu en as peut être déjà entendu parlé quand tu as entendu ma candidature pour être Mercenaire. Car c'est Hadès et toi qui avez décidé de mon sort. Même si tu ne m'avais jamais vu auparavant, tu dois savoir qu'un de tes soldats possède ce pouvoir, non?"

Je rentrai dans la caverne, identifiait si un animal s'y était installé et décrétais que la voix était libre. Nous marchâmes durant deux minutes avant d'apercevoir le ruisseau souterrain. Je posais la viande derrière un rocher, au frais. Puis, un peu essoufflé par le poids que j'avais porté je commençais à m'abreuver. Je me jetais même dans le bassin peu profond pour faire disparaitre les taches de sang.
J'en sortis et m’allongeais contre la paroi bleutée. L'odeur de Leader était à peine détectable. Maintenant que toutes ces traces de lui avaient disparues, il était définitivement un ennemi. Je soupirais de soulagement, j'avais toujours été partagé sur ce point.
Dans mes pensées lugubre, je m'aperçus que j'étais redevenu Toshiro le Mercenaire et cela me fis le plus grand bien.

Mais quelles choses pouvais-je manquer en ignorant les sentiments que j'avais envers Saba?

"Changer de personnalité? Quel étrange pouvoir... Le mien... et bien... A vrai dire, j'arrive à manier un sabre. Tu en as peut être déjà entendu parlé quand tu as entendu ma candidature pour être Mercenaire. Car c'est Hadès et toi qui avez décidé de mon sort. Même si tu ne m'avais jamais vu auparavant, tu dois savoir qu'un de tes soldats possède ce pouvoir, non?"

Je sentis qu'il changeait délibérément de sujet, et accepta de bon coeur. Moi-même, je venais de prendre conscience de ce que nous faisions ; j'éitais en train de dire à un loup que je l'appréciais, et que je souhaitais apprendre à le connaître... Et ma réputation ? De toute façon, je n'avais rien dit de trop grave. Rien qui nous engageait dans une relation plus sérieuse que l'amitié, en tout cas... tant mieux, je commençais à regretter l'échange que nous avions eu. Je lui jetai un coup d'oeil et vit que lui aussi était plongé dans ses pensées, l'air de reprendre du poil de la bête. De redevenir un vrai mercenaire. Un mercenaire manieur de sabre, me dis-je, en me souvenant de ce qu'il venait de me dire.

- Oh, c'est toi ? En effet, j'avais entendu parler d'un loup avec un pouvoir de ce genre... Moi et Phoenix le savions. Ce doit être lui qui t'a accepté dans nos rangs. Hadès est planificateur, tu dois confondre. Oh, nous sommes arrivés... Il faudra faire plusieurs aller-retour pour tout transporter, autant repérer le chemin le plus court. Et nous aurions dû cacher la carcasse pour la protéger des prédateurs, en attendant...

Mon esprit redevint purement mécanique pendant un instant, quoique légèrement troublé par les évènements. Nous aurions vraiment dû y penser... Maintenant, il fallait faire le retour le plus vite possible en espérant que personne ne viendrait nous voler notre viande... J'entrepris de faire le tour de l'endroit, trouvant le choix excellent. L'eau du ruisseau était fraîche et pure, et le froid suffirait à conserver la chair, avec un peu de chance. Bah, notre estomac était assez adapté, et la décomposition ici semblait peu probable. Je humai l'air ; rien que de la pierre, personne n'était venu ici depuis longtemps. L'entrée était bien cachée, et la profondeur de la caverne empêcherait les odeurs de parvenir jusqu'à l'extérieur. En bref, l'endroit parfait ! Il avait bien trouvé. Il avait plongé dans l'eau et, trouvant l'idée bonne, je fis de même. Cela me fit du bien, et je soupirai d'aise. Hélas, nous avions encore du voyage à faire... Je le lui rappelai d'un signe de tête vers la sortie.

(Je suis affreusement désolé de la taille de mon post --")

Saba me fit signe d'un geste de la tête. Repus, je me levais et nous marchâmes jusqu'à la sortie de la grotte. Plus qu'un voyage et la viande sera en sécurité. Nous fîmes le trajet plus lentement, Saba en tête pour cette fois. Elle avait retenu l'endroit mais moi je ne savais pas du tout ou restait les restes de l'élan. Je bougonnais un peu. Je ne savais plus ce que je voulais.

Nous arrivâmes sur les lieux.

"Oh pu****! Saba, on s'est fait piqués!"

Je lâchais un hurlement de rage et me mis à renifler les alentours. Un bruit lointain me fit tendre l'oreille: des ricanements.

"J'aurais leur peau!"

Je regardai soudainement Saba d'une façon passionnée. J'avais bien développé mes sentiments grâce à elle. Mais je n'étais prêt.
Je me rapprochais et lui léchais l'oreille. Je lui murmurais:

"Il faut que je rentre. On se revoie un autre jour?"

Sans attendre sa réponse je m’enfonçais dans la forêt, galopant comme un daim. Jamais je n'oublierais Saba, jamais...

[ Fin pour Toshiro, reste à voir pour Saba...]

[je pensais continuer, mais finalement, fin pour moi aussi ^^]