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| CHAPTER I ; tribute to hell. | |
| | Auteur | Message |
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Sharpe Buck
Messages : 120 Date d'inscription : 13/06/2012 Age : 27
Votre Loup. ♥ Meute.: Nord. Mémo.: Rang.: Bêta.
| Sujet: CHAPTER I ; tribute to hell. Mer 13 Juin - 18:25 | |
| “ tribute to hell „ premier post réservé à swann. Le soleil de la supériorité scintillait, éblouissait le parfumeur comme la lumière aveugle les insectes qui veulent un jour doux ou les demis-ténèbres d’une belle nuit. Si Sharpe Buck s'était interrogé sur les dires d'autrui, on aurait pu penser qu'il existait une infime partie de lui qui soit diplomate, intelligente ou même démocrate. Mais Sharpe ne s'interrogeait en cet instant que sur ses propres dires, ce qui ne faisait qu'aggraver son cas. Il se posait des questions, sur ce qu'il disait, sur ses propres pensées, sur leur visée profonde. Ce n'était pas de l'égocentrisme, même si ça y ressemblait fort, mais simplement une remise en question permanente, une série de doutes acheminés, qu'il avait accumulés, sur tout ce chemin long et tortueux qu'on appelait la vie. Cette vie qui se jouait d'eux, sans cesse, se fichait de leur souffrance, leur riait au nez et les narguait car elle n'existait réellement que pour ses favoris. Et tout recommença dans la tête de Sharpe Buck. Il entrevit encore une fois des milliers de créatures informes, venues des cieux le dévorer, lui, insignifiant loup, être mortel et si fragile, malgré cette apparence forte et puissante qu’il se donnait. Si un soupçon de réalisme venait à percer les méandres de son esprit torturé, il s’envolait aussitôt, comme une fée volage, ou comme un trésor à portée de main mais inaccessible. Car l’esprit du mâle se résume à cela ; à ce mot si fort et si irréel à la fois : inaccessible. Même à lui, ses propres pensées lui sont interdites, l’accès à sa raison coupé, celui de ses souvenirs saturé. Pire encore, sa vision du monde, la distinction du monde réel et du monde surréaliste n’existe plus. Et que fait-il ? Comment peut-il accepter une vie pareille, infernale, sans cesse malmenée ? Il la subit sans broncher. Car il n’en connaît pas d’autre. Il n’ose imaginer vie meilleure, où le « bonheur » existe. Le bonheur n’existe pas ; il n’est que le fruit de l’interruption de la souffrance. Cette interruption, brève, rapide, parvient parfois jusqu’à Buck. Le mâle se retrouve donc pris au piège, entre sa folie qui lui crie d’en finir et son instinct qui lui commande de se battre, de continuer à avancer perpétuellement. Chaque pas de la vie, chaque avancement dans cette ignominie, c’est se rapprocher un peu plus de la mort. Et cela, c’est ce que Sharpe Buck se dit pour se rassurer. La mort, synonyme de délivrance. Chez les loups, au contraire des humains – fort heureusement d’ailleurs – la raison n’est pas la plus forte. L’instinct triomphe toujours. Il faut survivre, quoi qu’il advienne, quoi qu’il se produise. Et, avec son regard fou, désaxé, perdu, il entrevoit un démon aux ailes d’ange passer sous son nez. Il se dit qu’enfin, la mort vient le chercher alors qu’elle commence seulement à jouer avec lui. Mais son instinct, toujours présent, le fait se battre. Il recule d’un bond, l’être maléfique se jetant à sa poursuite d’un air faussement innocent, d’un battement d’aile mielleux et angélique. Mais Buck sait, se persuade sans mal que tout n’est que supercherie. Puis, de son regard s’ôte ce voile opaque et dévoile au peu de jugeote qu’il lui reste la vérité : l’être maléfique, le démon sanguinaire n’était qu’un simple papillon. Un craquement soudain, digne de sortir tout droit des enfers, le replonge dans son monde fait de douleur et d’illusions. Il sent ses poils se hérisser sur son échine, ses babines se retrousser pour intimider cet adversaire invisible qui se joue de lui. Mais, face à une créature envoyée par Satan, a-t-il la moindre chance d’en réchapper ? Il sait que, face à une telle force, ses grondements dérisoires sont vains. Et il se sait irrémédiablement perdu.
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| | | Swann
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| Sujet: Re: CHAPTER I ; tribute to hell. Jeu 14 Juin - 0:35 | |
| La Forêt Changeante. Un lieu bien en peine d'être normal. Ça tourne, ça vire, ça change, et à la fin, ça nous emprisonne. Les témoignages sont plutôt effrayants. Mais la silhouette crème qui suivait le chemin forestier n'avait nul besoin de craindre de se perdre. Non pas que son appartenance au Sud y soit pour quelque chose. Mais tant on personnifie de façon péjorative les Bannis, la Forêt Changeante australe lui semble totalement innocente. Démons, pantins de Kowaï, assassins, monstres, et tout le quolibet habituel. Le regard noir de Swann se leva sur la frondaison qui l'abritait des doux rayons de l'automne. Moineaux, mésanges ainsi qu'autres petits volatiles appétissants s'échauffaient les cordes vocales et les épaules, virevoltants, piaillant. Ces petits rôtis volants et leur apparence fort appétissante attisait plus que nécessaire l'estomac à jeun de la louve crème. Leur inaccessibilité les rend d'autant plus désirables qu'ils découragent la Bannie de les poursuivre sur un terrain qui n'est pas le sien. La louve disparut au détour d'un buisson d'aubépine, finalement lassée de se tenir le museau levé. Déjà sur son passage, ses traces s'effaçaient.
Soudain, des bruits. Ça bouge, ça semble sauter, se rebeller, se défendre. Swann dressa ses oreilles bien haut au-dessus de son crâne. Elle qui se croyait seule dans ce labyrinthe aux multiples facettes... Avec la lenteur et le silence de la prédatrice hors pair qu'elle fait, la Bannie s'approcha doucement, se tapit en vue de branches basses. Dans l'ombre des larges feuilles, elle observa alors un étrange spectacle. Un massif loup brun et gris, un Mâle en pleine force de l'âge bondissant comme un cabri... A la vue d'un papillon. Croyait-il voir Kowaï en personne ? Vu son regard fou, il ne semble pas voir ce qui virevoltait vraiment devant sa truffe. A moins qu'il ai peur des petites bestioles papillonnantes. D'un air médusé avec des yeux écarquillés, Swann passa à un air contrit, blasé, et même un peu touchée de pitié. Pauvre garçon... Déjà fatiguée de cette idiotie, la louve crème se releva, oubliant les branches basses qui lui effleurait les oreilles. Celles-ci se plaquèrent sur sa nuque pour se protéger des petites chutes de brindilles et de feuilles. Toujours ainsi, droite, les oreilles sur la nuque, les yeux plissés, Swann se fit repérer par le loup affolé qui, babines retroussées, yeux plissés, poils dressé et crocs en avants, découvrit la malingre demoiselle dans la légère lueur automnale. Celle-ci se contentait de l'observer, aucune expression traversant ni ses babines, ni son regard. Sa voix gutturale résonna pourtant dans le minuscule espace dans lequel se tenait le loup gris et brun.
« On a peur des papillons ? » Cela aurait pu être moqueur, mais rien ne transperçait à travers la voix de la Bannie. Celle-ci avait depuis longtemps perdu tout ce qu'elle pouvait démontrer de vivant, de lupin en elle. Elle n'était plus dès son bannissement de l'Ouest qu'une coquille vidée de son habitante. Aujourd'hui elle se contente de survivre. De péniblement... Respirer.
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| | | Sharpe Buck
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| Sujet: Re: CHAPTER I ; tribute to hell. Jeu 14 Juin - 5:22 | |
| “ tribute to hell „ evidences have the strange power to fascinate us. Les poils sur son échine retombèrent en place presque immédiatement, comme par enchantement. Il se redressa, abordant une attitude qu’il souhaitait plus digne, plus à l’effigie de ce qu’il était censé représenter. Toute cette mascarade ne donna qu’un piètre résultat : la louve crème le regarda avec une sorte d’apitoiement désabusé. Sharpe Buck lut ce sentiment de pitié dans ses yeux et il se maudit intérieurement. L’avait-elle vu prendre peur devant ce vulgaire éphémère ? Presque aussitôt, elle lui en apporta la réponse. « On a peur des papillons ? » Un grondement rageur monta des profondeurs de la gorge du grand cendré, mais il le retint du mieux qu’il put et ce grognement mourut quelque part derrière ses dents serrées, sans avoir pu avoir l’occasion de voir le jour. Rien ne le retenait de se ruer sur cette insolente qui se permettait de se moquer ouvertement de son handicap. Elle ne le connaissait même pas. Pourquoi donc les idiots se permettaient-ils de juger tout le monde, avant même de se remettre en question, eux ? Mais il n’avait décelé aucune intonation ironique ou moqueuse dans la voix de la jeune louve, ce qui contrastait avec ses paroles acerbes et étonnait presque le grand mâle. Puis, ce fut comme si s’ouvrait devant lui un nuage de clarté, après le trouble qu’il venait d’endurer. Le voile opaque qui couvrait ses yeux s’envola comme par miracle, et les traits de la louve lui apparurent de façon nette et objective, et il ne la perçut plus comme un être maléfique : elle était redevenue simple mortelle parmi les mortels. Et il la reconnut presque aussitôt.
Elle était assez frêle, plutôt haute sur pattes mais tout de même bien plus petite que lui. Il ne l’aurait pas décrite comme chétive, certes non, car elle dégageait une certaine dose de force qui suffisait certainement à en impressionner plus d’un. Il la revit, si petite, alors qu’elle ne connaissait rien de la vie, qu’elle ne pouvait pas encore se douter, ni même imaginer qu’il existait un monde en dehors du noir, du néant absolu de l’enfance. Il l’avait vue grandir, de loin, en prenant soin de toujours garder ses distances. Et il avait sombré, sombré dans cette démence qui le rongeait, qui prenait le pas chaque jour un peu plus sur lui. Il s’était dit qu’elle deviendrait grande et forte, puissante comme leur mère. Mais il n’en était rien ; elle avait un regard dur et désabusé, sans vie. Il avait entendu vaguement parler de son bannissement. Il l’avait cherchée. Trop peu, certes, mais il n’y avait pas de place dans son cœur pour le regret. Et elle se tenait là, devant lui, par le plus grand des hasards qu’il avait – vainement – tenté d’accélérer. Mais le hasard n’aime pas être bousculé. Sa sœur était bien présente, et ce n’était aucunement une hallucination.
Plutôt que de souffler maigrement un « Swann… » pitoyable comme il se le serait volontiers accordé, il ne manifesta aucunement l’émotion de la retrouver. Après tout, c’était à peine s’ils se connaissaient. Ils avaient eu des terrains d’entente autrefois, certes, mais ils étaient toujours restés distants. Sharpe Buck sentit une vague de souvenirs prête à déferler en lui à cet instant fatidique, mais il tenta de les refouler. Ce n’était ni le moment ni l’endroit pour céder au passé. Il plissa légèrement les yeux, cette façon qu’il avait de faire continuellement, quand il tentait de déchiffrer quelque chose. A cet instant, vous pensiez qu’il tentait de lire en vous comme dans un livre et, croyez-moi, cette sensation n’a absolument rien d’agréable. Puis il redressa la tête vers elle et la regarda droit dans les yeux, plus avec cet air de supériorité, non. Avec une sorte d’étonnement feint qui ne trompait personne, ni lui, ni elle, et à la fois cet air d’indifférence qui laissait entendre que leur rencontre recelait du domaine de l’évidence.SHARPE « Pas des papillons, Swann. »
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| | | Swann
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| Sujet: Re: CHAPTER I ; tribute to hell. Sam 16 Juin - 1:54 | |
| Le loup gris et brun semblait se chercher une contenance, un fierté quelque part où il pouvait en subsister une once. Peine perdue car déjà, Swann voyait bien le genre de l'individu. Fou, fatigué, délirant. Son pelage exhalait de la fragrance froide et secrète des terres du Nord. La chaleur australe n'est jamais une bonne solution pour calmer des nerfs septentrionaux, ils ont toujours tendance à fondre. Un long silence accueillit les paroles de la Bannie qui détaillait les crocs d'ivoire bavant du nordique. La louve crème n'esquissait aucun geste, aucune intention agressive. Raide sur ses pattes, yeux légèrement plissés et oreilles sur le côté, elle restait ainsi, figé face à la masse qui lui faisait face.
Soudain, l'expression du loup changea. Elle perdit de sa haine, resta surprise et vague. Swann pencha légèrement la tête sur le côté, son oreille droite se redressa. Il n'allait pas lui faire une attaque tout de même, si ? D'un air absent, le loup cendré la détaillait, parcourait son corps où quelques os se faisait saillants, où son poil hirsute s'hérissait à faire peur, où les multiples plaies et cicatrices s'accumulaient. Swann redressa sa petite tête, ses yeux noirs se mirent à luire d'une lueur inquiétante. Les pointes de ses crocs se dévoilaient tandis que ses oreilles se calait contre sa nuque. Il n'y avait besoin de préciser que la Bannie dépréciait fortement qu'on la dévisage ainsi. Il est tellement plus simple et habituel de voir les regards fuir, se baisser face à cette apparence peinée et blessée. La situation dégénérait déjà, le loup septentrional appuyant encore son regard. Cependant, Swann était un livre maudit, à ne lire sous aucun prétexte. Ses pages peuvent se faire tranchantes, ses reliures brûlantes, ses mots saignants. Le loup releva soudain la tête. Son étonnement était à présent tout à fait explicite. Lorsqu'il s'adressa à la louve crème, il finit d'achever le calme de celle-ci:
« Pas des papillons, Swann. »
Son nom. Son nom, nom de nom ! Comment cet hurluberlu venant du Nord pouvait-il la connaître ?! La Bannie, laissa un sourd grondement lui échapper. Ses babines se retroussèrent jusqu'à ses gencives. Elle détestait ce mystère par contre... Lentement, Swann s'avança, un peu de façon prédatrice mais pas trop. Elle savait qu'elle ne faisait pas le poids face à ce mâle et le provoquer plus que nécessaire risquerait de lui rendre la vie quotidienne que plus douloureuse encore. Son regard abyssale dévisageait sans gène le loup cendré, elle le lui rendait.
Ses souvenirs du clan était vagues bien que pas si vieux que cela. Il est toujours tellement plus agréable d'oublier la honte que le bannissement a inculpé à la pauvre louve. D'oublier donc les connaissances. Les camarades. Les parents. Les babines de Swann tressautaient avec nervosité, c'était compulsif. Pourtant, la louve ne se sentait de bondir au cou de l'avorton. Elle était intriguée. Comment pouvait-il la connaitre alors qu'il est un loup du Nord ? Et surtout, pourquoi a-t-elle l'impression de le connaitre ?
« Comment connais-tu mon nom ? »
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| | | Sharpe Buck
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| Sujet: Re: CHAPTER I ; tribute to hell. Sam 16 Juin - 10:46 | |
| “ tribute to hell „ the trust leads to the caution. Le grand cendré vit les épaules de la louve frissonner lorsqu’il détaillait son corps avec attention. Il vit aussi les poils se hérisser sur sa nuque, et il vit les babines humides et noires céder la place à des crocs aiguisés, et blancs comme neige. Il sentit bien que ce genre d’autopsie de la jeunette l’indisposait fortement, mais il ignora autant de signaux d’agressivité. Ou plutôt, il les dédaigna. Non pas qu’il eut aimé avoir à livrer combat contre sa propre sœur, mais il savait bien qu’elle ne serait pas assez folle – ou assez stupide ? – pour tenter l’aventure de venir lui chercher querelle. Il continua donc tranquillement de la détailler à son aise, des pattes jusqu’aux oreilles, sans se presser, et les signes de nervosité de Swann se faisaient de plus en plus pressants. Il décida donc de reporter son attention sur son regard noir d’encre. Ses oreilles s’étaient plaquées contre sa nuque et ses prunelles lançaient des éclairs. Elle n’avait pas changée, toujours ce désir implacable de vivre et en même temps, cette nonchalance à laquelle on pouvait prêter des envies de suicide. Elle lui indiquait clairement d’arrêter de fourrer son regard un peu partout sur son corps. Ce qu’il fit. L’ombre d’un sourire un peu moqueur passa sur son visage, puis disparut presque aussitôt. Il attendit que ses paroles fassent leur effet, qui ne se fit pas attendre.
L’expression de la louve ne laissa même pas passer un nuage d’étonnement. Presque immédiatement, elle se braqua contre lui et ses crocs se dévoilèrent entièrement, laissant échapper un grognement sourd et agressif. Sharpe Buck s’assit en face d’elle, sans un seul mouvement de recul et la regarda calmement. Il faisait au moins une bonne tête de plus qu’elle et la cicatrice qui frémissait encore sur son épaule, visible de lui seul, lui rappelait à quel point ses démons le rendaient ivre de puissance au combat. Mieux valait pour elle qu’elle ne tente pas l’attaque. Il ne s’en serait pas rendu compte, qu’il l’aurait déjà tuée, sans même le vouloir. La réponse escomptée fusa, sans aucune gêne, exigeant avidement une réponse. « Comment connais-tu mon nom ? » Le grand mâle fut tenté, je dois bien vous l’avouer, de faire un brin d’esprit, ou d’inventer toute sorte de remarque ironique. Le regard sombre de sa sœur l’en dissuada presque immédiatement. Elle n’avait pas l’air de plaisanter, et il doutait qu’un peu d’humour ne la détende : au contraire, s’il tenait à se faire trancher une oreille sur-le-champ, c’était certainement la meilleure méthode à aborder. Il se doutait bien qu’elle n’était pas seulement agressive dans son attitude : dans sa tête devaient déjà se presser des centaines, des milliers de questions à son sujet. Mais, elle n’en laissait rien paraître, Buck devait au moins lui reconnaître cette qualité.SHARPE « Oh, tout ceci est d'une extrême simplicité. Nous avions une mère, et même un père en commun. Seulement voilà, le sort a décidé de nous en séparer. Mais tout de même, tu me fait de la peine : tu ne te souviens même pas de ton grand frère ! Et puis, arrête avec ton attitude menaçante, veux-tu ? On n'est pas encore au point de se sauter dessus, si ? » Il sourit. Un vrai sourire, comme il n'en avait pas fait depuis longtemps. Ses yeux riaient, et il s'approcha doucement, sans brusquerie, de la louve blanche, comme avant. Il se souvenait de sa naissance, de l'effort qu'il avait du faire à la mort de leur mère, pour surmonter tout ça, et s'occuper d'elle. Puis, ça avait été trop. Et cette incarnation de Kowaï... Il avait fallu qu'il la supprime. C'était une question de vie ou de mort. Mais ça, Kyle n'avait jamais voulu l'entendre. Il avait préféré écouter les élucubrations diffamatoires d'une sorcière. Pauvre Buck, pauvre, pauvre Buck...
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| | | Swann
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| Sujet: Re: CHAPTER I ; tribute to hell. Mer 20 Juin - 0:44 | |
| Face à la question de Swann, le grand cendré semblât se plonger dans une profonde réflexion. A quoi songeait-il, nul mis à part lui-même pouvait en avoir une idée. La Bannie retrouvait peu à peu une expression neutre, sans crocs ni regard assassin à l'appui. Son arcade sourcilière était pourtant légèrement surélevée du côté gauche, attendant une réponse. La Bannie était un peu inquiète. Car si elle voyait bien le loup qu'elle avait en face d'elle, elle avait peu de chance d'obtenir une réponse assez claire pour qu'elle la comprenne directement... Lorsqu'enfin, le loup septentrional leva la voix, ce fut pour marquer la louve crème. Lui faire remonter les mois. Revenir sur son enfance et sa courte adolescence. Cette grande ombre qui rôdait souvent au début. Puis qui se fit plus discrète. Puis qui disparue tout bonnement de la meute de l'Ouest. Les oreilles de Swann se redressèrent brusquement. Ses yeux s'écarquillèrent, sa gueule resta entrouverte. Et laissa échapper un misérable couinement de moineau qu'on étrangle. La louve crème ne se rendait pas compte de la tête qu'elle pouvait tirer. Et franchement, elle s'en contrefichait. Mais ça ne lui ressemblait pas. De justesse, elle retint le « Buck... » à semi-étranglé qu'elle était tenté de murmurer. Son frère...
Swann secoua vigoureusement la tête, histoire de retrouver une expression plus décente et moins stupide, ainsi que le cours de ses pensées. Le poil hérissé et hirsute, elle regardait le grand cendré se rapprocher d'elle. Elle-même fit quelques pas pour réduire la distance. Elle détaillait ce sourire, cet élan de joie qui traversais le visage de celui qui fut durant un temps son protecteur de l'ombre. Quand elle lui arrivait juste aux jarrets. Tout était clair à présent... La Bannie déglutit en silence tout en continuant de le dévisager. Le coin de ses babines se redressa lentement, très lentement en un sourire en carton. Elle essayait de l'imiter, lui qui avait conserver la flamme vivante qui brûle en chaque coeur, qui nous permet de sourire, de rire et de pleurer. Elle essayait de l'imiter. Essayait.
Si proche à présent du cendré que la louve crème était assaillie par la froide fragrance nordique. Une grande peine lui fit perdre l'effort de ses babines. De nouveau, son visage devint neutre, mais ses prunelles ténébreuses s'emplirent étonnamment d'un éclat attristé, toujours levées sur Sharpe. Elle l'avait vu, un jour, de ses mêmes yeux sombres, disparaître derrière la frontière occidentale. Séjournait-il au Nord ? Ou même, ce qui serait aussi étonnant qu'anéantissant, fait-il parti de la meute d'Ethan ? Dans un lent mouvement, las et lourd, Swann se détourna sur la droite, marcha un peu pour s'éloigner de son frère. Sa nuque légèrement pliée, elle contemplait ses pattes boueuses. Sa voix, toujours aussi plate et sans vie, résonna de nouveau.
« Tu ne savait pas, Buck ? Que Kyle m'avait banni ? »
La Bannie tourna légèrement la tête sur le côté, contemplant le massif cendré d'un oeil. Il était, certes, vrai, qu'elle n'était pas parti à sa recherche quand il avait quitté la meute. Mais elle était si jeune à cet époque, tout juste Apprentie. Mais lui... C'était un adulte, fort, à la carrure imposante, massive, intimidante. Il était même parvenu à se faire accepter dans la meute du Nord, par quelque tour de force inconnu. Pourquoi ne l'avait-il pas traqué, n'avait-il pas retourné ciel et terre, pour la retrouvé, pour lui offrir un toit, la protection d'une meute, mais en premier la sienne ? Swann avait peu de souvenirs d'une telle fainéantise, d'un être si défaitiste comme étant son frère aîné. Son regard était embrasé d'une formidable accusation. Difficile de passer à côté de la plaque. Certes, elle s'était fait à cette vie de rejets, et coups et de propos acerbes et venimeux. Mais elle est passé à côté d'une vie plus douce, plus calme, digne et respectée. Car on ne l'avait pas retrouvé.
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| | | Sharpe Buck
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| Sujet: Re: CHAPTER I ; tribute to hell. Jeu 21 Juin - 21:51 | |
| “ tribute to hell „ là où les mots ne suffisent plus, la lâcheté prend le dessus. Sharpe Buck la regardait, bien en face, droit dans les yeux, sans que son regard ambré ne faiblisse d’intensité. Il vit les efforts désespérés qu’elle tentait de rassembler pour lui esquisser ce qui semblait être un sourire. Seule une ombre furtive passa sur son visage, comme un fantôme. Mais comment avait-elle perdu cette lumière, cette radiance, ce sourire solaire et brillant ? Certes, jamais elle n’avait été épargnée par l’existence, mais elle avait encore la flamme de la vie qui bouillonnait en elle. Et là, il la redécouvrait, morne, fatiguée, lasse d’exister. Comment avait-elle pu sombrer si bas ? Une vague de culpabilité assaillit le grand mâle. Submergé par la colère et la honte, il serra les dents. Il s’en voulait, comme il s’en voulait terriblement. C’était de sa faute, si elle avait sombré. Sombré dans ces abysses de néant, de vide absolu. Un tremblement de rage le fit frissonner. Un aîné, n’est-ce pas censé veiller sur les cadets ? Même à cette tâche si simple, il avait échoué. Sa vie n’était qu’un échec constant, en fin de compte. Il regarda le pelage blanchâtre de sa sœur, hérissé, ses os saillants et son regard vide, si vide. Un voile de douleur passa sur ses prunelles, le temps d’une seconde, quand il constata ce qu’elle était devenue : un fantôme. C’est ça, un fantôme. Rien d’autre qu’un fantôme, qui se raccrochait à la vie sans avoir vraiment des convictions, sans être vraiment convaincue que c’était bien ça qu’elle voulait. Il percevait tout ça, en une seconde, le cœur battant, comme si tout ceci lui était attribué. Lui aussi, ressentait cette impression de vide abyssal, d’anéantissement absolu. Mais lui, il avait été recueilli par Ethan, qui avait comblé les lacunes de sa solitude par la présence rassurante d’une meute. Oh, combien il aurait donné pour échanger de place avec sa sœur ! Elle n’était qu’une enfant encore à ses yeux, et elle ne méritait pas ça, pas de vivre dans cette abomination de silence, et de malheur.
« Tu ne savais pas, Buck ? Que Kyle m’avait bannie ? » L’accusation qui planait dans la voix sourde de Swann ne laissait pas de place au doute, pas plus que la lueur qu’il avait vue passer dans ses yeux. Sa culpabilité l’aurait forcé à baisser les yeux. Mais c’eut été comme un aveu, comme un couteau qu’on vous plante en plein cœur : ciel non, il ne l’avait pas cherchée. Et c’était pour cela, parce qu’il ne l’avait pas cherchée, qu’elle était cette montagne glaciale qu’il avait en face de lui. Il aurait tellement aimé détourner les yeux, se voiler la face, une fois de plus, oublier ce qu’elle était, partir, fuir, et garder cette image d’elle, encore jeune et innocente, hurlant cette joie qui naissait entre les moments de douleur. Si je savais que Kyle t’avais bannie. Je sais même pourquoi. Mais Ô Swann, pardonne-moi, je t’en conjure, je t’en supplie, pardonne-moi. Je n’ai jamais été là, je ne t’ai jamais retrouvée, alors que je n’aurais jamais dû cesser de chercher, de chercher encore et toujours, jusqu’à ce que je te retrouve ! Avait-il envie de hurler. Mais il resta silencieux, terriblement silencieux, et ce silence pesait sur leur rencontre, leur rencontre toute neuve mais dans laquelle pouvaient déjà se sentir la déception et le remords. Il déglutit lentement : le silence n’avait jamais été son allié, au plus loin qu’il s’en souvienne. Le silence devait se placer, être réfléchis avant d’être immiscé dans toute conversation et, en l’occurrence, ce n’était pas le moment de l’insérer dans cette discussion. Il eut envie de se jeter à ses genoux, de la supplier de le tuer, de le frapper, de l’achever en fin de compte, de lui faire subir ce qu’elle elle avait subit. Mais il n’en eu pas la dignité – ou le courage ? – et se contenta de lancer quelques pauvres mots, bien vides de sens, qui sonnaient creux aux oreilles du cendré. Des mots, rien que des mots, des mots futiles et inintéressants, qui ne servent qu’à gagner du temps.
SHARPE « Si, je le savais.., sa voix s'étrangla mais il reprit malgré tout. Je t'ai cherchée, Swann. Il est vrai, j'ai abandonné trop tôt, lâche que je suis, là où je n'aurais jamais dû seulement penser à faiblir. » Il avait dit ça d’une voix douce, dans un murmure à peine audible, comme s’il espérait apaiser la tension qui s’était installée entre eux. Il aurait aimé faire tellement plus que des mots ! Buck aurait pu mentir, nier, nier en bloc, affirmer qu’il l’avait cherchée, mais jamais retrouvée. Oui mais quand on cherche, on trouve, murmura une petite voix perverse en son for intérieur, remuant le couteau dans la chair. Il se sentait désarmé, nu face à elle. Il se plaignait, geignait de sa culpabilité, de son regret, mais elle ? Elle, qu’avait-elle du endurer comme atrocités durant ces longs mois ? N’avait-elle pas subit la faim, le froid, la peur ? Et, pire que tout, la solitude ? Alors qui était-il pour se permettre de gémir sur son propre sort ? Il frémit. Une de ses pulsions, engendrées par sa culpabilité, vint prendre le dessus sur sa volonté. N’y tenant plus, il plongea ses crocs dans sa propre épaule, enfonçant ses canines acérées au plus loin qu’il pouvait dans sa propre chair, y sentant le goût chaud et métallique du sang qui s’égouttait lentement sur son poil terne.
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| | | Swann
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| Sujet: Re: CHAPTER I ; tribute to hell. Dim 24 Juin - 6:02 | |
| Pendant que la pauvre Swann faisait des efforts pour offrir à Buck un sourire digne de ce nom, elle pouvait deviner dans l'intense regard ambre de son frère une profonde réflexion tortueuse. Il semblait se poser un nombre incalculable de questions, toutes plus pénibles les unes que les autres. Comment en était-elle arrivée là ? Comment avait-elle pu continuer à vivre dans cette si triste misère ? Comment avait-elle pu survivre à toutes les acerbités des autres loups, elle et son corps à présent méconnaissable, si maigre, disproportionné, fragile et mal entretenu, criant de maladies et de calamités de la sorte ? Les mâchoires du massif cendré se serrèrent sur une honte difficilement concevable tant elle est bouleversante de sentiments. Peut-être qu'il aurait dû creuser, chercher jusque dans le sol et aux cimes des arbres. Se rendait-il compte en l'instant qu'il venait de priver durant pratiquement un an à sa soeur une vie fait de douceur, de chasses fructueuses, d'amitié et de protection ? Certainement. La douleur de la voir aussi immatérielle qu'un esprit lui traversa l'ambre des yeux un court, un très court instant. Déjà bien battu, la Bannie acheva son frangin par son ultime "Je t'accuse".
Toujours dos à son fraternel, mais un oeil posé sur lui, Swann surveillait sa réaction. En prenant compte de sa honte, allait-il baisser le regard ? Que nenni. Malgré sa gène, il garde le regard droit. Mais Swann ne disait plus rien. Si cela avait été quelqu'un d'autre, elle aurait préféré le voir truffe au sol et yeux larmoyants de supplications. Mais dans cette situation, c'est difficilement acceptable pour elle de réduire le dernier membre de sa famille en vie à une stature d'Oméga. Déjà, cela ne lui irait pas, dans tous les sens du terme. Et puis, qui serait capable de le faire après autant d'absences et de distances ? Le terrible silence trouble qui suivait les paroles de Swann s'étendait, s'étendait à n'en plus voir l'horizon. Jusqu'à ce qu'enfin, Buck se manifeste, du très peu de dignité et de bravoure qui semblait lui rester. Si elle paraissait avoir encore des brides enfantines dans ses formes, le grand cendré semblait tomber bien plus bas, soufflant d'une mince voix de maigres excuses. Le regard de Swann resta vide, d'une dureté incorporelle et pourtant si présente, pesante sur le coeur et sur l'épée de Damoclès qui nous menace tous. Ce n'était évidemment pas assez. Elle s'attendait à mieux, mais elle savait, se doutait que dans la situation actuelle, Buck ne pouvait faire guère plus. Peut-être, avec le temps...
Soudain, la Bannie fut interrompue dans ses songeries. Un grondement bestial échappa au cendré. Durant un court instant, Swann assista au spectacle de cet automutilation qui couvrait l'épaule, la patte, ainsi que le museau et les crocs d'une délicate couleur vermeille agressive sur le poil gris-brun terne. Alors que ses quatre pattes semblait ancrées dans la boue pour encore un long moment, Swann fit volte-face, fonça droit sur son frère. Quel mot fort étrange pour la petite louve crème. C'était tout neuf. D'habitude, la louve crème ne se serait jamais donné une telle peine pour un autre loup. Car elle n'a aucun enjeu aussi important que celui-ci avec eux.
La Bannie avait un mince souvenir du bannissement de son frère. Il y avait eu semble-t-il une affaire de meurtre. A l'époque, la petite louve, Apprentie, avait du mal à concevoir une telle agressivité de la part de son aîné. C'était sur-réaliste. Et pourtant véritable. En intervenant, elle prenait le risque de prendre des coups violents qui pourrait tant la blesser qu'elle aurait vraiment du mal à s'en remettre. Mais n'avait-elle pas été habituée à de tels preuves de violences, en tant que pantin de Kowaï ? Sinon, elle ne serait pas là. Et pis, elle-même ne fait-elle pas preuve de forte agressivité quelques fois ? Son bannissement en atteste, comme en suite à celui de Sharpe. Tel frère telle soeur. Et comme ils sont tels, ils doivent se soutenir.
Arrivée à grande vitesse sur Buck, Swann se leva et poussa brusquement le cendré pour le faire lâcher prise sur son épaule. Le sang éclaboussa le visage dorénavant aussi inquiet que furieux de la louve crème.
« Arrête, ne fais pas ça Buck ! »
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| | | Sharpe Buck
Messages : 120 Date d'inscription : 13/06/2012 Age : 27
Votre Loup. ♥ Meute.: Nord. Mémo.: Rang.: Bêta.
| Sujet: Re: CHAPTER I ; tribute to hell. Lun 25 Juin - 4:08 | |
| “ tribute to hell „ les lambeaux de mes chairs arrachées, sont autant de fantômes que j'aurais achevés. Il sent ses propres cartilages craquer, lentement, dans un bruit ignominieux et, sous la pression exercée par ses mâchoires surpuissantes, le sang coule joyeusement en flot noirs et épais. Il se répand sur le sol de la forêt, avec un atermoiement infini. Le cendré lâche un triste soupir. Non pas une plainte, la douleur ne l’effleure plus, mais un simple soupir, comme une dernière parole, un dernier relent de vie avant la mort. Son corps est parcourut d’un frisson qui lui donne la nausée. Soudain, il a froid. Puis chaud. Puis il gèle de nouveau. Il sort de cette transe abominable, lorsque le bruit se fait entendre. Le crépitement des feuilles le sort de sa torpeur. Ce sont les pas effrénés de la course de sa sœur qui se font entendre sur le tapis de la forêt. Il cligne des yeux, il tente de chasser ce brouillard opaque qui lui obscurcit la vue. Tout semble se passer au ralenti. Et puis, quelque chose le percute de plein fouet. C’est vivant, c’est chaud. C’est doux. Et il tombe à la renverse, sur le flanc, sans chercher à se rattraper. Une voix, qu’il connaît bien, mais qu’il ne sait identifier se fait entendre. Elle est lointaine, si lointaine. « Arrête, ne fais pas ça Buck ! » Buck ? Toujours dans cette torpeur, ce ralenti incommensurable, il tourne la tête vers la louve blanche qui lui fait face. Vue du sol, elle a l’air immense. Elle est immense. Elle le domine de toute sa hauteur, et elle a l’œil mauvais. C’est un être maléfique, certainement un esclave de Kowaï, envoyé pour l’achever. Buck gronde. Ce grondement s’amplifie, devient intempestif, il n’entend plus que les vibrations de son grondement qui font bourdonner ses oreilles. Il se relève, les crocs découverts. La pureté du pelage de la louve a disparue. Ce n’est plus qu’un être malfaisant, au regard fourbe. Il faut le tuer, le tuer avant qu’il me tue. Vite. Le grand mâle chancelle sur ses appuis, il a du mal à conserver un équilibre stable. Mais il ne faut pas sombrer, ou alors c’est la mort. L’œil vitreux, l’écume aux babines, il attend. Il attend que la prudence de l’être malfaisant se relâche, pour attaquer. Et, d’un bond surprenant de puissance pour son engourdissement, il se jette sur Swann. Tous deux roulent dans le tapis forestier, deux boulets de fourrure qui s’entremêlent dans la pente. Le commencement de Swann ou la fin de Sharpe Buck sont indiscernables : ils se mêlent, s’entremêlent, se mélangent, on n’y voit plus rien qu’un amas de pelages entremêlés. Enfin, cette course s’arrête au bord du ravin, là-bas. Elle est sur le dos, il est sur elle. Il la regarde, toujours cet être malfaisant, ce suppôt de Kowaï qui ne jure que sa perte. Adieu. Et, d’un coup de croc, lui sectionne la jugulaire. Le sang abonde, noir et puant. Et puis, Buck se réveille. Buck se rend compte : il a tué Swann. Swann. Swann. Son nom se répercute dans son cerveau. Morte. Par sa faute. Un hurlement déchire sa gorge, mais ne veut pas sortir. Il reste muet, sans voix devant l’horreur, la terrible vérité. Soudain, tout se trouble, tout devient opaque autour de lui. Et puis, brusquement, Sharpe Buck se retrouve à nouveau devant l’incarnation du diable, ce bourdonnement produit par son grondement obsédant son ouïe. Mais… Ne vient-il pas de la tuer, cette incarnation ? N’est-ce pas en réalité Swann, cette incarnation ? Sharpe Buck ne parvient plus à discerner le vrai du faux. Que se passe-t-il ? Parvient-il à remonter le temps, ou est-ce une hallucination qui survient par-dessus l’hallucination précédente ? Les questions se bousculent, et il a mal au crâne. Il s’assied, pantelant. Les griffes de Kowaï lui caressent la fourrure, comme pour le narguer. Non, pas cette fois. Cette fois, Sharpe Buck a tiré une leçon de ses erreurs. Il ne se reproduira pas cette fatalité, non. C’est fini. Et soudain, tout redevient net, les contours de la forêt se redessinent, le brouillard s’en va et tout reprend un rythme normal. Sharpe Buck s’affaisse sur le sol, épuisé. Comment diable a-t-il fait pour surmonter ses démons ? L’image du corps sanglant de Swann le hante. Il relève la tête, comme pour bien se rendre compte. Elle est toujours vivante. Il rampe, perdant toute trace de dignité, vers elle. Du bout du museau, il la touche, pour s’assurer une énième fois qu’elle n’est pas une apparition, ou le fruit de son imagination. Et soudain, à ce contact bien réel, Buck comprend. L’incendie qu’il a vu, le corps de Swann disloqué, les louveteaux tués… Le grand mâle cendré comprend qu’il peut voir l’avenir. Ou alors, qu’il est fou à lier. Dans un râle étouffé, il murmure.SHARPE « Je suis désolé. » Ses sentiments reviennent peu à peu, et la culpabilité laisse place à la honte, au déshonneur. S'excuser, de cette attitude indigne, de ces accès de folie qui l'agrippent et l'entraînent. De cette mort que Swann vient d'éviter, sans qu'elle le sache. La lourde tête du cendré retombe au sol dans un bruit sourd. Il n'a plus envie de rien, il est vide. Vide de tout.
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