Moi, je veux pas mourir [Nikolaï]

Pourquoi est ce que Caporal était seul, pourquoi n'y avait-il personne près de lui pour prendre soin de lui, pourquoi la solitude était-elle sa seule ami ?

Ne croyez pas que la faute n'est pas de Caporal, tout au contraire, sa curiosité l'avait amené hors de la protection de ses parents qu'ils l'avaient perdus de vue et avait d'autres louveteaux à surveiller. Pour eux, Caporal devait déjà être mort, sans adulte qui le protège, le nourrisse et lui apporte à boire, aucun louveteau ne peut survivre mais Caporal était un résistant, il avait trouvé de quoi manger en allant mendier à un adulte loup qui avait accepté de partager sa nourriture avec lui mais maintenant, il avait soif...il mourrait de soif, sa langue était sec, sa gorge aussi, il avait l'impression d'être dans un désert et n'espérait que sentir ce liquide bleuâtre couler dans son œsophage et combler cette soif qui tiraillait son ventre.

Il marchait calmement dans cette plaire où le soleil tapait fortement, ça lui donnait encore plus faim qu'auparavant et Caporal était bientôt à bout de souffle, il devait boire et vite.

Les Plaines Rougeoyantes s’étendaient de tout leur long aux pattes de Nikolaï, juché en haut d’une des plus hautes collines vallonnant le paysage aux couleurs rouge et orange. Le louveteau était allongé entre les herbes, les yeux mi-clos, profitant du soleil en cette magnifique journée d’été. Le gamin adorait passer des heures au sommet de cette colline, laissant la chaleur de l’astre du jour s’insinuer dans sa peau, tâche rendue quelque peu plus lente par le blanc éclatant de son pelage qui s’obstinait à renvoyer les rayons du soleil d’où ils venaient. Mais Nikolaï n’avait pas à s’en plaindre, puisque cela lui permettait de rester plus longtemps à se dorer au soleil. C’était une tâche qu’il passait toujours en solitaire, rien d’étonnant, me direz-vous, puisqu’il a toujours tout fait seul. Enfin, depuis "l'accident".
Il était à deux doigts de s’endormir quand, à la périphérie de son champ de vision, apparu une tache noire semblant se déplacer avec difficulté. Nikolaï ouvrit les yeux et vit que c’était un louveteau, approximativement de son âge, qui semblait totalement perdu. Sûrement un pauvre gamin qui s’était trop éloigné de ses parents et s’était perdu. Le jeune Banni se releva lentement sur ses pattes, ankylosé par le temps passé dans la même position, et entreprit de descendre la colline, ce qui consistait simplement à se laisser glisser jusqu’en bas.
Arrivé au pied de son promontoire, Il ne se trouvait plus qu’à quelques pas du louveteau noir de suie. Il s’en rapprocha et se planta devant.

-Alors quoi, on a perdu sa môman ?