Laëwyn ~ Fille de la Lune, Être de la Nuit

Son voyage solitaire, depuis sa naissance, l'a rendue recluse et méfiante. Elle mesure ses mots, plus souvent calmes que hargneux.
Elle se sent en sécurité, dans son élément, la Nuit. Lorsque l'astre rougeoyant disparaît dans son abri secret, lorsque toutes les créatures ont une vision affaiblie. Elle est une excellente espionne, silencieuse, invisible. Sa cécité n'est pas un problème, car son pouvoir lui permet de voir à travers ses autres sens. A y réfléchir, ce n'est pas un véritable pouvoir. Juste une extension de sa capacité à sonder l'espace qui l'entoure. Elle n'a aucun mal à deviner la position ainsi que l'humeur de ceux qui se trouvent autour d'elle.
Particulièrement vulnérable dans les corps à corps, son agilité et sa vitesse lui ont sauvé la vie plus d'une fois. Mais elle se révèle être très utile lors des batailles entre meutes, lorsqu'une multitude de canidés se battent. Pacifique de nature, elle peut se montrer rancunière, et sa loyauté à sa meute est sans faille.

Un des ces bleus foncés voilés qui dérangent et étonnent. Et ces étincelles de nacre dispersées dans les eaux de ses iris, qui ne font que rajouter à l'étrange. Petite, agile, elle se fond dans la nuit, grâce à son pelage aile de corbeau. D'une rapidité et d'une discrétion hors norme, ses quatre sens sont incroyablement développés.

Il fait nuit, bien sûr. Elle est née de la Nuit, elle mourra de la Nuit. La louve étendue sur le sol sableux est blanche, sur son pelage se reflètent les rayons lunaires. Oui, car là-haut, tout là-haut, tout en haut, la Lune est suspendue dans son écrin de nuit, belle, grande, lumineuse, ronde. Ronde comme le ventre de la louve tordue de douleur. Les étoiles brillent comme des éclats de cristaux, illuminent la scène. Le mère finit par pousser un ultime soupir, un dernier souffle, qui charrie tout l'amour qu'elle a pu porter à cet être qui n'est pas né. Cruauté. Immonde cruauté que celle qui a refusé la vie à cet être innocent.
Alors, une silhouette noire se découpe sur le disque d'argent, fine, élégante. Ses ailes scintillent comme deux traînées de poudre. Cette nuit, la Lune a eu pitié, Louna est là. De la déesse coule une larme unique, qui vient s'écraser, puis rouler sur le ventre rebondit de la morte. Une lumière recouvre son corps immaculé, et laisse à la place une petite lupine, noire comme la Nuit qui l'a vu naître. Un lueur bleutée émane de l'intérieur de son être. Elle ouvre les yeux, des yeux bleus. Des yeux voilés. Elle ne voit pas, elle ne verra jamais. Son esprit sera à jamais plongé dans l'obscurité de la nuit, dans la solitude de ses pensées. C'est prix qu'elle se doit de payer pour avoir reçu la vie.

« Rien. Ce n'est pas la peine d'insister, je vous le dis, je ne me souviens de rien. Je n'ai jamais rencontré personne avant d'atteindre le territoire de la Meute du Sud, je ne connais pas ma famille, je ne sais pas d'où je viens. Je ne vois pas, mon cher, au cas où vous l'auriez oublié. ... Comment ? Mais non, je vous dis, rien. Le néant. Le vide. Écoutez, je suis fatiguée, arrêtez donc un peu avec toutes vos questions. … Bon, très bien, mais c'est la dernière. … Vous croyez vraiment à tout ça ? C'est une légende. Oui, mon pelage devient lumineux lorsque je suis de mauvais poil, mais ce n'est pas une preuve. … Si j'y crois ? Non. La Déesse de la Lune ne m'aurait jamais fait tel cadeau. »