Petite balade dans le canyon - libre

J'avais faim. Faim et soif. J'étais fatiguée. J'aurais donné n'importe quoi pour pouvoir choisir un coin et dormir tranquillement, tout en ruminant ma prochaine journée... Rien ne m'en empêchait. Pourtant, je courais. Je courais dans le canyon, grimpant et descendant, m'écorchant parfois sur les rochers. Chaque égratignure me tirait une grimace ; si un ennemi se pointait, j'aurais un désavantage, aussi infime soit-il, et cela ne me plaisait pas. Mes coussinets étaient meurtris, la nuit tombait, mais je continuais. C'était le seul moyen que j'avais trouvé pour empêcher mon pouvoir d'agir à mon insu... Ce matin, une vague de compassion m'avait saisi, alors que je tuais un renard qui avait eu le malheur de se trouver sur mon chemin. Ce n'était pas la première fois ; la partie sympathique et innocente de mon âme tentait parfois de revenir, plusieurs mois après que je l'aie chassée. A chaque fois, j'essayais de trouver un moyen pour qu'elle n'y parvienne pas ; en vain. Pour l'instant, courir semblait marcher ; en m'efforçant de ne penser à rien, seule, j'empêchais mon morceau d'âme de se trouver une place. Il ne fallait pas que j'arrête, malgré mon épuisement. Mais, alors que je prenais un virage, un caillou roula... J'eus à peine le temps de le voir qu'il tomba sous ma patte, qui glissa et se tordit au sol en un craquement sinistre. Aussitôt, je basculai, emportée par la vitesse, et ma tête entra violemment en colision avec un rocher. Le choc se répercuta dans tout mon corps, et un cri mourut dans ma gorge. Puis tou devint noir.

J'ouvris les yeux. J'étais toujours dans le canyon, mais il faisait jour... J'avais toujours faim et soif, mais la fatigue m'avait quittée. Aussitôt, je compris que quelque chose avait changé ; la deuxième partie de mon âme avait pris le dessus... Ce n'était pas grave. Tant mieux, même ! Je frissonnais d'horreur en me rappelant toutes les choses affreuses que j'étais capable de faire lorsque j'étais dans mon mode "mercenaire sadique et cruelle". Je me relevai, et gémis : ma patte avant gauche était extrêmement douloureuse. Je m'assis et entrepris de l'examiner...

Je n'avais pas dormis depuis deux jours la fatigue commençait à me gagner. La nuit n'étais qu'a sa moitié. Le noir m"aidait à mieux voir mais la brume de cette foret brouillait tout se que je pouvait voir. Le vent était doux mais le froid perçait la couche isolante de mon pelage. Qu'avais-je fais pour ne rencontrer personne? J'avais pas peur d'être seul mais juste la rage me gagnait. Un lapin me regardait et pour une foi j'allais laisser une proie en vie. Des pensées me traversait l'esprit celle de mon père quand allais-je le revoir était-il mort. M'avait-il abandonnée? L'idée était meurtrit pour mes sentiments. Ma cicatrise me faisait mal pourtant ça n'était pas bien grave. Pourquoi ce territoire est si calme ! Moi qui aime le calme j'étais servie... J'arrivais à un canyon. Je ne savais plus pendant combien de temps j'avais marché. Quand dans mon champs de vision je vu une louve assise qui n'avais pas l'aire bien apriori elle avait faim. Je décidais donc de choper un lapin au passage et de lui apporter. Bon l'approche n'était pas très douce mais bon ça se voyait que je n'allais pas l'attaquer vu que je lui apportais un lapin.

Je n'avais rien de très grave... Ma patte était légèrement tordue. Ne voyant pas d'autre solution, je décidai de la replacer moi-même... Retenant une grimace de douleur, je pris ma patte entre mes mâchoires, la tint fermement, et fit un mouvement sec de la tête...
Je n'avais pas le droit à l'erreur. Ou je soignais ma patte, ou je la cassais. Une violente douleur traversa mon corps avec un léger temps de retard par rapport à mon geste, telle une épine géante, m'arrachant un gémissement. Puis plus rien ; ouf ! J'étais guérie. Aussitôt, je me redressai et commença à avancer, lorsque je sentis une odeur étrangère ; un autre loup ! Je me figeai et entrouvrit la gueule pour mieux sentir ; un solitaire. Et une odeur de gibier... Je me retournai, et vit un mâle blanc s'approcher de moi, tenant un lapin. Intriguée, je restai immobile. Que faisait-il ici ? Ignorait-il que c'était le territoire de l'Est, ici ? Il avait de la chance que la partie sanguinaire de mon âme aie disparu pour le moment... Je ne donnais pas cher de sa peau si cela n'avait pas été le cas. Cette pensée en entraîna une autre, plus sombre : "Aurais-je, cette fois-ci, le courage de quitter ma Meute pour rejoindre celle du Nord ? Il le faut... En espérant que l'autre partie de mon âme ne reprenne pas le dessus à nouveau... Mais si je dois me battre ?"
Je mis cela à plus tard, et m'approchai prudemment du mâle. S'il m'apportait un lapin, c'est qu'il ne devait pas avoir de mauvaises intentions...

- Qui es-tu ?