Méditation (Libre)

Une nouvelle journée commençait pour Toboe, mais le jeune loup ne se sentait pas d'humeur à se mêler au reste du clan aujourd'hui. La nature de son pouvoir et la maitrise encore imparfaite qu'il en avait le forçaient à davantage de prudence que la majorité de ses congénères. Il décida de rester seul dans la grotte, assez loin pour ne déranger personne et pour ne pas être dérangé. Il allait explorer son pouvoir afin d'en comprendre l'essence et ainsi, il espérait, parvenir à le maitriser pour qu'il ne soit plus un danger pour personne. Il savait au fond de lui qu'un tel pouvoir ne pouvait pas être sans conséquences pour lui comme pour tout le clan, c'est la raison pour laquelle il se devait de se montrer particulièrement vigilant quand à la manière de laquelle il l'utilisait.

Bien qu'il n'éprouve pas de haine pour le meutrier de ses parents, il lui en voulait évidemment de les lui avoir enlevés. Ce faisant, il l'a privé des seules personnes qu'il ait connues qui auraient pu lui permettre de comprendre son pouvoir et d'apprendre à s'en servir. Désormais il se devait de poursuivre seul ce chemin, connu pour être long et difficile, qu'était celui de la connaissance. A ses yeux une chose est parfaitement claire, la puissance ne sert à rien si l'on n'a pas la connaissance des lois qui régissent le monde dans lequel ils vivent. Et elle devient quelque chose de dangereux si on les connait, mais qu'on ne s'y tient pas. Il rejoignit le coeur de la grotte et, arrivé dans une galerie inoccupée, il s'assit et ferma les yeux pour méditer.

Il cherchait à bouger le moins possible, à contrôler chaque muscle de son corps, chaque articulation, chaque atome qui le composait. En fermant délibérément les yeux, il cherchait à amplifier la portée de ses quatre autres sens. Car tout le monde le sait, l'oeil peut être facilement abusé car il ne voit que la surface des choses. Il pouvait s'aider de ses yeux, mais préférait tout de même savoir qu'il pouvait compter sur ses autres sens en cas de doute, ou de danger imminent selon la situation dans laquelle il pouvait se trouver. On n'est jamais trop bien préparé, juste suffisamment ou insuffisamment au vu des circonstances. C'est bien ce qui peut totalement changer la donne, les circonstances. Il voulait être sur de disposer d'une bonne préparation physique avant de s'entrainer sur ses capacités mentales. C'est à dire dans son cas, la manipulation de son pouvoir sur le temps.

Rencontre
avec le Sud

Alors que le clan allait commencer sa journée, Alaska ne voulait pas rester sans rien faire. Elle se proposa alors pour chasser mais tout le monde était déjà occupé de ça et de là. Surtout son frère, Dren, le chef de la meute du Nord. Il devait s'occuper des patrouilles et d'autres choses plus importantes. Alors c'est en partant seule qu'elle explora les terres qu'elle voulait inconnues. Elle voulait découvrir d'autres paysages et respirer un peu. Ses pattes la menèrent vers la frontière de la Meute du Sud. Mais qu'allait-elle faire sur ces terres ? Alors qu'elle allait faire demi-tour elle vit une énorme grotte mystérieuse se dresser tout droit devant ses yeux. Elle hésitait à y aller. Mais finalement la curiosité fut la plus grande. L'intérieur était magnifique. La jeune combattante avait les yeux rivées sur ces cristaux au plafond de la grotte. Elle empestait l'odeur du Sud mais elle avança quand même dans les profondeurs interminables de la grotte. Elle regardait chaque détail, chaque recoin de la grotte pour en soutirer un souvenir. Mais ce qu'elle vit à ce moment était différent. Un loup était assis un peu plus loin. Il devait être du Sud vu que c'était la seule odeur de la grotte qui envahissait le nez de la jeune Alaska. Elle le regarda de loin et ne bougea pas. Elle remarqua toute fois qu'il était en pleine méditation. Quand elle s'approcha un peu, Alaska pensa qu'il était en pleine concentration. Que faisait-il ? Elle hésita à parler. Après tout, ce lieu devait être un lieu pour être seul et méditer. Qui plus est, c'est la meute du Sud. Elle ne devait pas rester là. Elle fit demi tour mais glissa sur une flaque qui s'était formée dans cette grotte. Quelle chance, pensa-t-elle ironiquement. Le jeune loup s'était retourné et dévisageait d'un air méchant la jeune louve qui s'était trouvé au mauvais endroit au mauvais jour, on dirait. Elle le regarda et se hâta de lui sortir quelques paroles pour le radoucir.

« Bonjour. Je crois que je me suis retrouvée sur votre territoire par erreur. Alaska, de la meute du Nord. »

Elle s'assit en face de ce jeune loup qui semblait être prêt à tout pour défendre son territoire. Alaska devait faire preuve de respect et ne pas se montrer trop froide. Sur ce coup là, son pouvoir pouvait lui être d'une utilité mais elle ne s'en servit pas pour le moment. Elle voulait attendre la réponse du jeune loup.

Si à l'arrivée de la louve étrangère, Toboe s'était montré franchement froid et désagréable. Toutefois il se radoucit quand il perçut sur elle l'odeur du Nord. Au moins cette meute était une alliée de la sienne, contrairement aux deux autres. Bien que cela ne légitime pas la présence de la louve blanche dans la grotte, il ne la rejettait pas comme il l'avait fait à son arrivée. Il s'approcha calmement d'elle, montrant qu'il ne lui voulait en fait aucun mal, et se plaça entre elle et la sortie. Sans la menacer ni l'intimider, juste pour lui montrer qu'en fait elle n'avait rien à craindre de lui.

- Excusez-moi de m'être montré aussi fortement désagréable à votre égard.

- Je me suis figuré que vous étiez une louve de l'Ouest ou pire, de l'Est. Je vous prie d'accepter mes plus humbles excuses pour la gêne occasionnée.

- Je suis enchanté de faire votre connaissance, Alaska de la meute du Nord.

- Mon nom est Toboe. J'appartiens à la meute du Sud, mais cela vous devez l'avoir compris.

- Excusez moi mais, quel bon vent vous amène chez nous ?

Cela n'était pas une remarque désobligeante, c'était une simple question qu'il adressait à la jeune louve blanche comme la neige. Il la trouvait d'une beauté sauvage, il lui trouvait un charme magistral qu'il n'avait encore remarqué chez aucune autre louve, à l'exception notable d'Isciane de la meute de l'Est. Certes il ne s'agissait pas du tout de la même beauté. Là où la beauté d'Isciane était froide, dure et mortelle, celle d'Alaska semblait chaleureuse, douce et apaisante. Le jeune loup ne savait quoi dire tant il était subjugué par l'infinie beauté de la louve au pelage blanc. Il resta littéralement coi. Jamais auparavant il n'avait rencontré un être capable de dégager autant de choses à la foi. On sentait bien qu'il ne fallait pas la chercher car elle ne se laisserait certainement pas faire, mais au fond, pour qui se donnait vraiment la peine de la regarder dans les yeux, on voyait bien qu'elle ne cherchait aucunement les ennuis ou la bagarre. Et cela lui suffit à obtenir de Toboe qu'il garde pour lui leur entrevue en ce lieu. Qu'il n'en parle à personne au sein du clan.

Le jeune loup s'était rapproché doucement de la jeune combattante. Sa fourrure brune ressemblait à la terre et ses yeux d'un brun sombre se mêlait aux couleurs sombres de la grotte. En regardant derrière le jeune loup, Alaska remarqua un petit coin bien sympa. Une sorte de lac était niché à la fin de la grotte. Quelques gouttes sortant des cristaux tombaient dans l'eau, légères et filantes. A leur contact avec l'eau, une onde se dessinait jusqu'à atteindre le bord de l'eau. Alaska fut éblouit par les rayons du soleil qui sortait d'un trou de la grotte et sa fourrure blanche brillait aux éclats. Les quelques morceaux de neige qui s'incrustaient d'habitude sur sa fourrure commençaient à fondre doucement pour se transformer en goutte.

« Excusez-moi de m'être montré aussi fortement désagréable à votre égard. Je me suis figuré que vous étiez une louve de l'Ouest ou pire, de l'Est. Je vous prie d'accepter mes plus humbles excuses pour la gêne occasionnée. Je suis enchanté de faire votre connaissance, Alaska de la meute du Nord. Mon nom est Toboe. J'appartiens à la meute du Sud, mais cela vous devez l'avoir compris. Excusez moi mais, quel bon vent vous amène chez nous ? »

Le ton de sa voix était chaleureux et tout à fait posant. La jeune louve fut surprise de son tempérament. Elle ne pensait pas qu'un loup du Sud pouvait lui parler d'une manière aussi plaisante. Elle le regarda d'un nouvel oeil et exprima d'un signe de reconnaissance sa sympathie la plus profonde. On voyait que ce loup était sociable, il avait accueillit Alaska sans faire d'histoires. il est vrai que leur clans ne sont pas directement ennemis. Ils peuvent donc entretenir des conversations plutôt posées et sans craintes. Mais je ne sais pas si Alaska aurait réagit de la même façon si c'était lui qui était venue sur les terres du Nord. Toboe, elle n'avait jamais entendu son nom. Mais il devait être quelqu'un de bon pour parler ainsi.
Alaska s'assit confortablement devant ce loup brun aux yeux sombres et le regarda avec intensité. Il reflétait une douceur et une beauté indomptable. Un frisson parcourut tout le corps de la jeune louve en croisant le regard de ce jeune loup. En l'examinant elle s'était rendu compte de sa musculature impressionnante pour son âge et de la perfection de ses paroles.

« Oh... Je suis venue par curiosité. En faite je voulais faire demi tour, mais je voulais savoir ce que cette grotte caché au creux de son antre. Je voulais voir un autre paysage, une autre vue. Je voulais m'éloigner de la meute du Nord pour me retrouver seul ou faire des rencontres. Je pensais pas que sa aller se passer ici même. »

Elle le regarda et baissa les yeux. Pourquoi baisser les yeux ? C'était un pur reflex. Ou peut-être autre chose ? Pour tout vous dire, ce loup l'intimidé. Non seulement par ces paroles mais aussi par sa beauté. Elle se sentait inférieure. Elle ne devait pas. Alaska se releva et se dirigea vers ce lac comme si c'était son territoire. Voyant que le jeune loup ne l'a quittait pas de yeux elle s'assit au bord de ce lac et bu un peu de son eau. Aucune réaction du jeune chasseur. Alors elle resta là, les yeux levés vers le trou qui montrait un soleil couchant magnifique.

« Et vous Toboe. Que faîte vous ici. Certes c'est votre territoire mais... Il y a bien une raison précise pour venir seul, méditer dans cette grande grotte avec pour seul bruit l'eau tombant du haut de la grotte. »

Alaska attendit la réponse de Toboe et regarda son reflet dans l'eau de la grotte. C'est vrai qu'on avait l'impression d'une certaine magie sortant de cette grotte. Comme si elle reflétait une beauté extraordinaire venant d'ailleurs. D'ailleurs, elle ferma les yeux et se laissa envahir par le calme de ce lieu. Jusqu'à ce que le jeune loup reprenne la parole et de ses beaux yeux bleus lagons, le regarda avec une douceur chaleureuse et paradoxalement glaciale.

Après avoir parlé, Toboe se mura dans le silence en attendant la réponse de la jeune louve du Nord. Il n'u avait aucun doute, pour qui la regardait attentivement et savait voir au delà des apparences, qu'en plus d'être une combattante elle était une personne sensible au fond. Pour lui c'était un jeu d'enfant de le voir car il l'était également, et sans doute bien plus qu'elle. Il l'écouta parler et à aucun moment ne l'interrompit, une marque de respect et un gage de l'estime qu'il avait pour elle. Quand elle eut dit ce qu'elle avait à lui dire il la regarda un temps, sans changer de regard sur elle et lui répondit avec honnêteté, tout en restant courtois et agréable avec elle.

- Je comprend. Il est vrai que parfois on a besoin d'être seul pour réfléchir à un certain nombre de choses. Cela m'arrive plus souvent qu'à mon heure depuis que mes parents ont été assassinés il y a de cela un an maintenant.

- Mais excusez-moi. Je n'ai pas à vous embarrasser avec ces choses-là. J'imagine que vous avez déjà bien assez de soucis comme cela.

Il n'avait pas dit ça parce qu'elle n'était pas de sa meute. Il se fichait éperdument de cela en fait. Non, s'il disait cela c'est parce qu'il ne voulait réellement pas l'embêter avec ses problèmes auxquels elle ne pourrait rien faire et parce qu'il l'aimait bien, il ne voulait pas la mettre dans l'embarras de quelque façon que ce soit.

- Comme je vous l'ai dit j'ai souvent besoin d'être seul ces derniers temps, pour faire le point sur moi-même, sur les autres, sur ce que je désire réellement et ce que je veux éviter à tout prix. Et pour cela il est mieux d'être seul, je pense que vous serez d'accord avec moi.

- Je vous en prie Alaska, tutoyez-moi. Cela ne me gêne pas le moins du monde. Au contraire, je préfère cela. Je n'aime guère la rigueur et le formalisme, j'y préfère de loin la souplesse et la convivialité.

Il avait été tout à fait sincère avec elle du début à la fin. Il ne lui avait menti à aucun moment. Cela serait d'une discourtoisie et d'une impolitesse qui ne lui ressemblaient pas du tout, en plus d'être rabaissant et humiliant pour la jeune louve au pelage d'hiver. Il était toujours ainsi avec tout le monde et ne voyait pas de raison d'agir différemment avec elle. Il faisait, comme à son habitude, ce que lui dictait son instinct. Il avait toujours fait comme cela et n'entendait pas changer cela un jour.

Après cette longue contemplation dans le lac. La jeune louve revient sur ses pattes pour se caler en face de ce jeune loup qui s'appellait Toboe. Oui c'est bien ça: Toboe. A aucun moment, le chasseur du Sud ne lui avait coupé la parole. Alaska semblait croire qu'il avait un certain respect pour elle et pour toutes les personnes qu'il rencontre. Elle ressentait une certaine nostalgie de voir cette grotte, et ce loup s'adresser à elle comme s'ils étaient amis depuis longtemps. Elle avait ressentie exactement la même chose avec une vieille amie qu'elle avait connu le long de son chemin pour rejoindre la meute du Nord. Une bien vieille histoire qui lui remémorait de sales souvenirs comme de bons souvenirs.

Non au contraire. La jeune louve montra ses plus sincères condoléances à ce jeune loup du Sud. Elle savait ce que c'était de ne pas avoir de parents. Enfin plus ou moins. Dren était la seule famille qu'elle pouvait avoir. Leurs parents n'étaient pratiquement jamais là. Bref, passons. Elle voulait lui poser des questions, mais elle avait peur de faire resurgir de vieux souvenirs qu'il avait réussi à chasser du mieux qu'il le pouvait. Alaska remarqua une forme de sensibilité dans ce jeune loup. Elle avait le don d'observer leur manière d'agir et de parler. Que devait-elle faire à votre avis ? Poser des questions qui peuvent changer l'humeur de ce jeune mâle ou éviter une gêne occasionnelle et ne rien dire ? Alors qu'elle allait prendre un ton sérieux et plein de douceur, Toboe la devança comme s'il savait qu'elle allait répondre.

« Comme je vous l'ai dit j'ai souvent besoin d'être seul ces derniers temps, pour faire le point sur moi-même, sur les autres, sur ce que je désire réellement et ce que je veux éviter à tout prix. Et pour cela il est mieux d'être seul, je pense que vous serez d'accord avec moi.
Je vous en prie Alaska, tutoyez-moi. Cela ne me gêne pas le moins du monde. Au contraire, je préfère cela. Je n'aime guère la rigueur et le formalisme, j'y préfère de loin la souplesse et la convivialité. »

Alaska le regarda, un sourire se dessinant sur son visage. Sa dernière phrase l'avait amusé d'autant plus que ces dernières paroles. Elle le regarda et hésita maintenant à parler. Un long silence pesant s'ensuit et malgré tout la jeune louve ne ressentait aucune tension. Bizarrement elle pouvait lui faire confiance.

« Si je peux te tutoyer. Fais de même, maintenant qu'aucune tension n'est présente, on peut tous les deux se tutoyer en toute amitié. Si cela n'est pas indiscret... Enfin peut-être devrais-je pas le demander mais ma curiosité m'en empêche. Je voudrais savoir comment as-tu perdu tes parents ? »

Sa question n'avait aucun sous-entendu. Elle attendait maintenant sa réponse avec impatience. Mais ce qu'elle redoutait avant tout c'était un changement soudain de son humeur et qu'il veuille partir en meilleure compagnie. Elle savait que c'était dur de perdre ses parents, enfin non pas complètement. Mais elle savait comment c'était dur de perdre une très grande amie...

« Si tu ne veux pas répondre, je comprendrais. Mais sache que le dire, peut aussi t'enlever un poids. Enfin moi je le vois comme cela. »

Cette fois-ci, la jeune combattante de tait. Elle voulait attendre, le temps qu'il fallait pour que le loup lui parle, en toute convivialité bien entendu.

Alaska présenta ses condoléances quand Toboe lui révéla avoir perdu ses parents. Il saisit dans son regard qu'elle semblait comprendre sa souffrance, la connaitre elle aussi. Il n'avait jamais rejetée l'aide de personne, mais ne l'avait jamais acceptée non plus. Or il sentait qu'avec cette jeune louve c'était différent. Elle connaissait sa douleur et lui la sienne, ils étaient deux êtres que tout pouvait séparer, mais ils étaient unis par leur douleur. Il se sentait plus détendu avec elle qu'avec plus de la moitié des loups de sa meute.

Elle est la première personne qu'il ait rencontrée qui l'emplit d'un tel sentiment de paix et de sérénité. Il commença à avoir peur de ce qu'il ressentait pour elle, peur que cela lui fasse du mal ou lui cause du tort vis à vis de ses semblables, les loups du Nord. Cela se voyait à son regard qu'il avait peur de cela. Il ne se rembrunit pas quand elle lui demanda comment ses parents étaient morts, il entreprit de tout lui expliquer.

- Mon père se nommait Kodi, et ma mère se nommait Ruby. Je suis leur fils unique, je n'ai ni frère ni soeur, de sang tout du moins. Donc tu vois, la solitude n'est pas chose nouvelle pour moi.

- Ils ont été tués par un loup de mon clan, qui a ensuite rejoint le tien d'après ce que j'ai entendu dire. Ce loup se nomme Kairos. Depuis j'ai quitté les miens pendant un an et je ne suis revenu ici qu'il y a peu de temps.

- Je n'en veux pas à Kairos pourtant, je n'ai pour lui point de colère, ni de haine. Juste de la souffrance et une question qui me taraude l'esprit, que j'aimerai lui poser en face et entendre la réponse de mes propres oreilles.

- Tu dois te dire que je suis fou, soit lâche, soit faible. Mais sache qu'en fait ce n'est rien de tout cela. En vérité, j'ai la haine et la violence en horreur. Je déteste infliger la brutalité de la mort. A la mort je préfère le sommeil éternel, ceci pour une raison simple.

- Contrairement à la mort qui ne laisse que le vide derrière elle, le sommeil lui ne détruit rien. Il conserve les choses telles qu'elles sont quand elles se sont endormies car rien n'a été détruit ou endommagé. Toutes les cellules fonctionnent très bien. Elle sont juste inanimées. C'est une chose qu'il m'est possible d'accomplir grâce à mon pouvoir sur l'espace-temps.

Oui, voilà en fait le genre de loup qu'était Toboe. Un loup qui méprisait la violence sous toutes ses formes et répugnait foncièrement à y recourir, ce qu'il ne faisait que si lui ou un membre de son clan était en danger de mort. Autrement il avait recours à son pouvoir sur le temps et le stoppait autour de son adversaire le temps de s'enfuir. Oui, c'était tout lui d'agir ainsi.

On dirait que dans son regard, Toboe ressentait de la peur. De quoi avait-il peur ? Alaska aussi ressentait une certaine peur. Mais une peur qui n'était sans danger si personne ne savait qu'il se parlait. Réussirait-elle à garder sa langue et garder ce secret pour elle dans la meute du Nord ? Oui je pense. Alaska peut-être très perspicace et malgré que mentir de soit pas son fort, répondre naturel l'est. De sa hauteur, la jeune combattante regarda ses pattes toutes blanches qui s'étaient salies à cause de la terre du Sud. Oui elle avait plus l'habitude de marcher dans la neige. C'est normal.
C'est la première fois que Alaska rencontra un loup aussi compréhensif et plein de douceur. Elle pouvait le tutoyer et sa tranquillité la laissait sereine. Elle semblait bien à ses côtés, elle ne voulait d'ailleurs pas rentrer tout de suite. Peut-être que lui avait prévu de rentrer plus tôt. Elle hésita à poser la question quand il se lança dans un long discours.

Sans le prendre pour un fou, ni un lâche... Alaska avait entendue toutes ces paroles jusqu'au bout, sans l'interrompre. L'image qu'avait Alaska de Toboe pour le moment était celle d'un loup pacifiste qui n'aimait pas la violence et il semblait très sociable. Il aimait se retrouver seul pour réfléchir sur sa personnalité et son futur. Il sentait le Sud et pourtant il ferait un bon loup dans le Nord, Alaska le savait. Elle le regarda et voyait qu'il avait cette souffrance et cette détresse en lui qui l'empêchait d'apprendre son pouvoir ou du moins de le comprendre. Kairos, sa ne lui dit qu'un vague souvenir. Elle l'a peut-être croisé dans la meute mais sans le voir vraiment. Alaska ne voyait que les bons. Pas ceux qui se font bannir ou chasser, s'ils le sont c'est pour une bonne raison, alors libre à eux de vivre leur vie comme bon leur semble. Ils sont maîtres de leur destin et de leur vie après tout. Alaska se demanda pourquoi il n'avait pas de haine ni de vengeance en lui contre ce loup qui était l'assassin de sa famille. Mais comme il l'a dit à la fin, pour lui, la mort n'est que le néant contrairement au sommeil qui lui garde en lieu sur ce que la mort ne peut détruire. Alaska aimait la philosophie de ce jeune mâle aux multiples facettes surprenantes.

« Je sens que la mort de tes parents laisse un souvenir de souffrance dans ton coeur. Cet assassin qui se nomme Kairos... J'en ai entendu parler qu'une seule fois au sein de la meute. Il y est peut-être encore mais je ne vois pas qui il est. Désolé. Par contre... Si une question te tourmente il faut que tu en parle soit à quelqu'un que tu considère comme ton ami, soit une étrangère à qui tu ne fais pas totalement confiance mais avec qui tu te sens à l'aise... Ou soit durant les évènements tu peux essayer d'aller parler à ce Kairos et enlever ce poids qui ne fait que te mettre à terre.

Tu as encore le temps de réparer ton coeur, ou ta souffrance. Tu peux encore agir. C'est ton destin. Seul toi est maître de ta vie. Tu dois agir en fonction de ce que tu penses être juste. Mais fais le avec volonté et courage. Je vois aussi que tu as le pouvoir du temps. Tu peux l'utiliser correctement ou as-tu du mal à l'utiliser ? Cela ne m'étonnerait pas si tu n'arrivais pas à l'apprendre. Tu as endurer tellement de choses, il faut que tu arrives à le canaliser et à en faire ta plus grande force. »

Alaska appuya ses derniers mots et se lécha la patte pour attendre la réponse du jeune Toboe. Elle avait hâte d'entendre ces propos. On ne peut pas dire que cette jeune louve au pelage blanc comme la neige n'était pas curieuse. Ce serait un euphémisme de dire qu'elle ne l'était qu'un peu d'ailleurs.

Oui, c'était bien une forme de peur que ressentait Toboe. Non pas une peur panique, mais une légère appréhension. Il n'avait pas parlé de ses parents et de Kairos depuis son retour dans la meute qui l'a vu naitre. Elle l'écouta simplement, patiemment, sans broncher ni lui couper la parole à aucun moment, et cela il l'en remerciait sincèrement. Il était bien rare de rencontrer des personnes comme elle à l'époque qui est la leur, c'était une chose dont il fallait savoir profiter et c'était ce qu'il comptait bien faire. Quand il eut fini de parler, elle resta un temps dans l'expectative avant de reprendre la parole.

- Tu as vu juste Alaska. La souffrance m'accompagne où que j'aille depuis ce jour funeste. Au début c'est vrai j'en souffrais énormément et cela se voyait. Aujourd'hui je me suis habitué à ressentir cette souffrance, je l'ai faite mienne.

- A vrai dire, j'avais espéré qu'appartenant toi aussi à la meute du Nord, tu pourrais me parler un peu de Kairos, me dire le genre de loup qu'il est et la façon dont je pourrai m'y prendre pour l'approcher. Mais cela ne me semble pas possible, je ne vais donc pas t'ennuyer outre mesure avec ces choses là.

- Je peux utiliser le pouvoir du temps, mais pas au maximum de ce que je suis capable d'accomplir. Je n'ai pas encore atteint ce niveau. Raison pour laquelle je m'entraine encore à mon âge, je ne maitrise pas toutes les arcanes secrètes de ce pouvoir et je pense que c'est mieux ainsi.

-Imagine le danger que je représenterai si je pouvais remonter le temps à ma guise, si je pouvais en augmenter ou en diminuer la durée. Si je pouvais me déplacer instantanément où je le voulais quand je le voulais. L'équilibre du monde en serait profondément perturbé et cela n'est pas envisageable. Il vaut mieux que je ne dispose que d'une parcelle de ce pouvoir sur l'espace-temps que de son intégralité. Ce serait bien trop dangereux pour tout le monde.

Il ferma les yeux, se concentra et projeta sa conscience dans toute la galerie qu'ils occupaient. Il était entré en contact mental avec toutes les créatures l'habitant et celles s'y trouvant actuellement, Alaska comprise. Il pouvait ressentir leur présence autour de lui et elles pouvaient ressentir la sienne, une présence douce et chaleureuse, presque intimidante tant elle était dénuée de froideur ou de distance. Une douce et belle aura lumineuse enveloppa son corps, signe que son pouvoir était actif, il avait atteint le point médian entre le calme, l'immobilisme et la concentration totale.

Il stoppa le temps autour d'eux mais pas pour eux. Les papillons stoppèrent instantanément leur vol et les rongeurs s'immobilisèrent, le chant de l'eau s'écoulant sur les parois s'était stoppé lui aussi et l'on ne pouvait plus rien entendre, hormis le silence totale. Il rompit sa concentration et rouvrit les yeux pour regarder Alaska. L'aura dorée chatoyante qu'il dégageait tantôt s'évanouit sans laisser de trace. Toutes les choses qui bougeaient autour d'eux reprirent leur cours comme si rien ne s'était passé. Il n'avait rien changé, rien bouleversé. Il avait conservé l'équilibre instauré par la nature avant qu'il ne fasse appel à son pouvoir de manipulation de l'espace-temps.

Le battement d'aile d'un papillon venant du trou de la grotte sursauta la jeune louve au pelage de neige. Il était bleu et blanc, une espèce peut-être en voie de disparition qui sait. Mais cette grotte, elle semblait magique, comme si tous les pouvoirs y étaient développés pour mieux les canaliser. Afin de mieux s'en servir surement. Alaska appréhenda chaque recoins, chaque animaux et chaque gouttes d'eau tombant dans l'eau. Elle se sentait bien ici. Comme si une légèreté et une envolée de mauvais sentiments, souvenirs s'éternisaient. La combattante prit le temps de respirer un bon coup et de boire un peu cette eau qu'elle trouvait différente de celle de la rivière. Y aurait-il une source cachée ici ? Elle écoutait toujours les paroles du jeune loup qui venait à nouveau de reprendre la parole. On sentait comme un lien nouveau qui s'unissait entre eux sous la souffrance et le pouvoir.

« Tu as vu juste Alaska. La souffrance m'accompagne où que j'aille depuis ce jour funeste. Au début c'est vrai j'en souffrais énormément et cela se voyait. Aujourd'hui je me suis habitué à ressentir cette souffrance, je l'ai faite mienne.

A vrai dire, j'avais espéré qu'appartenant toi aussi à la meute du Nord, tu pourrais me parler un peu de Kairos, me dire le genre de loup qu'il est et la façon dont je pourrai m'y prendre pour l'approcher. Mais cela ne me semble pas possible, je ne vais donc pas t'ennuyer outre mesure avec ces choses là.

Je peux utiliser le pouvoir du temps, mais pas au maximum de ce que je suis capable d'accomplir. Je n'ai pas encore atteint ce niveau. Raison pour laquelle je m'entraine encore à mon âge, je ne maitrise pas toutes les arcanes secrètes de ce pouvoir et je pense que c'est mieux ainsi.

Imagine le danger que je représenterai si je pouvais remonter le temps à ma guise, si je pouvais en augmenter ou en diminuer la durée. Si je pouvais me déplacer instantanément où je le voulais quand je le voulais. L'équilibre du monde en serait profondément perturbé et cela n'est pas envisageable. Il vaut mieux que je ne dispose que d'une parcelle de ce pouvoir sur l'espace-temps que de son intégralité. Ce serait bien trop dangereux pour tout le monde. »

Alaska resta muette. Garder une souffrance aussi grande comment était-ce possible ? Et la garder si longtemps. Il pouvait changer le temps, pourquoi ne pas l'avoir fait quand ses parents étaient morts ? Oui. En faîte c'était clair, il n'avait pas assez d'expérience pour utiliser son pouvoir entièrement et changer le cours du passé peut changer l'équilibre du monde dans lequel nous vivons. Alaska sentait l'avoir déçu. Dans le sens qu'elle ne l'informe pas plus sur son assassin. Apprendre son pouvoir qu'à moitié n'est-il pas dangereux ? Alaska a toujours appris dès sa naissance et un peu plus tard avec son frère Dren, son pouvoir de Super Vitesse. Mais son pouvoir n'était pas aussi dangereux que ça, il faut l'avouer. Elle se remémora de toutes ses paroles et fit le tri dans sa tête Car il faut le dire, depuis leur rencontre, beaucoup de choses s'étaient passés.

Quand à Alaska, elle réfléchit encore. Elle ne sait que lui répondre. Jusqu'à ce qu'une aura lumineuse sembla s'étendre autour d'eux. Les papillons qui venait du trou c'était arrêté de voler et leur battements d'ailes s'était interrompu soudainement. L'eau qui coulait contre la paroi de la grotte s'était elle aussi arrêtée comme si un barrage s'était formé. Une goutte d'un des cristaux aller tomber mais était retenu comme un champ magnétique. Alaska se rendit compte de l'étendu de son pouvoir. Pourtant le jeune mâle resta sans bouger dans cette aura lumineuse. S'il dépassait cette limite d'une patte, il avait déjà changé le cours des choses d'une seconde tout au plus. La lumière qui s'était formée autour d'eux disparaît aussitôt qu'elle était venue. Aucun changement n'a était fait et le cours des choses s'était alors réanimé. Alaska était stupéfaite et avait observé toute la scène. Elle voulait lui dire de l'utiliser pour sauver ses parents mais elle savait à présent que c'était impossible.

« Comment... Comment fais-tu ça ? Il te faut être dans une profonde méditation ou pas forcément ? C'est impressionnant. »

Elle passa quelques temps puis reprit ses paroles.

« Quand tu es dans une bataille et que l'un de tes amis de ta meute meurt. Tu reviens dans le temps pour le sauver pas vrai ? »

Elle le regarda, les yeux brillants de curiosité. C'était tellement innatendu et tellement beau. S'il pouvait faire ça, c'est qu'il pouvait l'utiliser dans des moments de crises aussi. Mais l'utiliser trop souvent était-il dangereux ? Après tout Alaska n'utilise son pouvoir que quand elle en a vraiment besoins, mais quand est-il du pouvoir sur l'espace temps ? C'est une bonne question...

Une fois encore la jeune louve blanche écouta Toboe sans lui couper la parole à aucun moment, c'était la première fois qu'il s'ouvrait autant à quelqu'un depuis la mort de ses parents et sa longue année d'exil volontaire en quête de réponse à ses interrogations et de maitrise de son terrifiant pouvoir de contrôle de l'espace-temps. Il ne connaissait aucune autre personne, dans sa meute ou ailleur, disposant d'un pouvoir identique ou tout du moins similaire au sien qui pourrait l'aider à contrôler son pouvoir afin qu'il ne représente plus un danger pour personne. En d'autres termes, à l'heure actuelle il ne maitrise pas son pouvoir, il en est l'instrument. En fait c'est d'autant plus cela qui l'effraie que la nature de son pouvoir. Il décida de s'en ouvrir à Alaska quand elle prit la parole pour complimenter ce qu'il venait de faire à l'instant.

- Il faut que je sois dans une concentration parfaite afin de pouvoir faire cela. Fermer les yeux pour me couper du monde un instant m'aide à atteindre le point de concentration nécessaire, comme tu viens de le voir.

- Il m'est impossible de revenir dans le temps pour ramener un mort à la vie. En revanche il me serait possible si je suis sur place au moment où une personne risque de mourir d'empêcher cela, en stoppant le temps autour de l'évènement ou de l'individu qui le menace. Cela ne revient pas tout à fait au même mais le résultat est similaire.

Pour illustrer ce qu'il venait de dire il stoppa le temps à nouveau autour d'eux, immobilisant ainsi l'araignée qui s'apprêtait à mordre la patte avant droite d'Alaska. Il connaissait les araignées comme celle-ci et savait que leur venin était mortel pour tous les êtres vivants, même pour eux les loups. Si elle avait pu mordre Alaska cette dernière serait morte en moins de temps qu'il n'en aurait fallu pour le dire, ce venin en plus d'être mortel agissait à une vitesse proprement foudroyante.

Il dégagea l'araignée d'un coup de patte et la précipita dans le vide un peu plus loin. Il savait que la chute ne la tuerai pas parce qu'elle retrouverait sa mobilité une fois loin de lui et que les aspérités de la grotte où elle pourrait tisser sa toile étaient nombreuses.

- Tu viens d'avoir en direct l'illustration de ce que je viens de te dire.

- Tu comprend maintenant pourquoi il me faut manipuler ce pouvoir avec une extrême précaution et en user avec parcimonie. Une erreur est si vite arrivée, qui plus est avec la maitrise imparfaite que j'en ai à l'heure actuelle.

C'était une pure chance d'avoir rencontré un être aussi gentil. Toboe était un loup si attentif et qui venait d'ouvrir son passé pour Alaska. Il pouvait avoir confiance en cette jeune louve au pelage de neige. Elle ne trahissait jamais personne, pour la simple et bonne raison que trahir c'est perdre un partie de soi-même. Elle n'aimait pas les bannis et encore moins les traître. Ils sont si arrogants et si seul. Alaska savait que c'était pire qu'être en enfer, elle ne voulait jamais, au plus grand jamais devenir comme l'un d'entre eux. Pour l'instant elle n'en avait fait aucune rencontre. Enfin si, un ou deux qu'elle a du croiser en chemin et avec qui elle a du discuter avec froideur.

« Il faut que je sois dans une concentration parfaite afin de pouvoir faire cela. Fermer les yeux pour me couper du monde un instant m'aide à atteindre le point de concentration nécessaire, comme tu viens de le voir.

Il m'est impossible de revenir dans le temps pour ramener un mort à la vie. En revanche il me serait possible si je suis sur place au moment où une personne risque de mourir d'empêcher cela, en stoppant le temps autour de l'évènement ou de l'individu qui le menace. Cela ne revient pas tout à fait au même mais le résultat est similaire. »

Alaska écoutait sagement les paroles du jeune Toboe. Il avait un grand pouvoir qu'il pouvait utiliser comme bon lui semble. Heureusement que ce pouvoir appartient à un loup gentil qu'à un banni ou un autre loup du genre. Sinon le monde irai à sa plus grande perte. La jeune louve savait maintenant qu'il pouvait sauver l'un de ces amis contre un danger qui pourrait le guetter. Proche.
Soudain, le temps s'arrêta comme si la terre s'était arrêtée de tourner. Alaska était immobile, ses yeux bleus regardant tendrement le jeune Toboe. D'ailleurs le jeune loup venait de sauver la vie à Alaska. Une araignée des plus monstrueuse s'était rapproché tout doucement de la jeune louve qui s'était rendue compte de rien. Heureusement que Toboe était là. Une simple piqûre aurait pu la tuer sur le coup.

« Tu viens d'avoir en direct l'illustration de ce que je viens de te dire.

Tu comprend maintenant pourquoi il me faut manipuler ce pouvoir avec une extrême précaution et en user avec parcimonie. Une erreur est si vite arrivée, qui plus est avec la maitrise imparfaite que j'en ai à l'heure actuelle. »

La jeune louve inclina la tête en signe de respect. L'utilisation de son pouvoir a permis de la sauver. Sur le moment elle n'avait pas comprit ce qui s'était passé. Mais après, elle avait compris qu'il avait utilisé son pouvoir avec rude précaution comme il venait de le dire. L'immensité de son pouvoir est tellement extrême que Alaska comprend à présent pourquoi il se doit de l'utiliser à bon escient.

« Je te remercie. Jamais je n'aurai pensé qu'une araignée s'était rapprochée de moi dangereusement. Comment pourrais-je te remercier... Un jour quand tu auras besoin de moi, je serai là, j'ai une dette envers toi. »

Alaska regarda son sauveur de ses yeux bleus lagon et se laissa aller dans le silence harmonieux de la grotte. Malgré ce silence et cette zénitude, elle cache en elle de grands dangers qui pourraient tuer d'un coup et d'un seul.

Toboe avait vu au regard d'Alaska qu'elle était une personne à qui l'on pouvait se fier, et qui savait garder les secrets. Bien qu'elle ne soit pas de sa meute, il sentait qu'il pouvait avoir confiance en elle et qu'elle ne le trahirait pas. Il se rendit compte qu'il n'avait pas été tout à fait franc avec elle et prit la parole.

- Je voudrai nuancer des propos que j'ai tenus précédemment, en disant que je n'avais plus aucune famille depuis la mort de mes parents.

- J'ai eu un frère à une époque. Bien que je sache ce qu'il a fait et ce que j'ai eu à endurer à cause de lui, je n'ai jamais complètement cessé de le considérer comme tel. C'est bien cela qui me pousse aujourd'hui, plus que de vouloir sa mort, à vouloir connaitre la raison de ses agissements.

- Peut-être suis-je sur le mauvais chemin, ce n'est pas inenvisageable. Mais il ne servirait à rien de prétendre que je le hais et que je souhaite me venger de lui alors que ce n'est pas le cas.

Il était certain qu'elle comprendrait qu'il parlait de Kairos. Il ne considérait pas qu'elle lui était redevable de quelque façon que ce soit en ce qui concernait l'araignée. Il n'avait fait que suivre sa conscience en agissant de la sorte, car il souhaitait qu'il n'arrive malheur à personne en sa présence tant qu'il pouvait y faire quelque chose, ce qui avait été le cas présent.

- Je t'en prie, c'est la moindre des choses. Il me parait tout à fait normal de sauver la vie de quelqu'un qui n'a pas mérité de mourir quand on en a le pouvoir. Mais la mort est une chose naturelle et il est impossible à quiconque de la tenir en échec constamment.

- Je le sais pour avoir été incapable d'empêcher celle de mes parents jadis. C'est une partie de la raison pour laquelle j'ai une telle approche vis-à-vis de la mort. J'estime que chacun est libre d'avoir la sienne quelles qu'en soient les raisons.

Il mentirait en disant qu'il n'avait pas agi ainsi parce que c'était elle, mais conscient qu'il serait incapable de le lui expliquer sans perdre tous ses moyens il préféra le taire. Il savait au plus profond de lui-même qu'elle s'en rendrait sans doute compte et qu'il était inutile de la cacher, ce fut pourtant ce qu'il fit pour une raison connue de lui seul.

Toboe semblait soucieux, comme tous les loups qu'elle avait rencontré jusqu'ici. Mais ce qui l'a troublait c'était qu'il semblait soucieux dans le sens d'inquiet et rempli de culpabilité. Bon peut-être que j'ai tord, mais Toboe n'avait pas l'allure de quelqu'un qui semblait heureux.

« Je voudrai nuancer des propos que j'ai tenus précédemment, en disant que je n'avais plus aucune famille depuis la mort de mes parents.

J'ai eu un frère à une époque. Bien que je sache ce qu'il a fait et ce que j'ai eu à endurer à cause de lui, je n'ai jamais complètement cessé de le considérer comme tel. C'est bien cela qui me pousse aujourd'hui, plus que de vouloir sa mort, à vouloir connaitre la raison de ses agissements.

Peut-être suis-je sur le mauvais chemin, ce n'est pas inenvisageable. Mais il ne servirait à rien de prétendre que je le hais et que je souhaite me venger de lui alors que ce n'est pas le cas. »

Alaska marqua une assez longue pause. Kairos, je savais de qui il parlait. Son frère diabolique. Comment pouvait-il si calme et si détendu face au criminel de ses parents. Mon frère, Dren, n'aurait jamais fais une chose pareille ! Notre père était mort, Ethan. Cela attristait beaucoup la jeune louve, Alaska. Elle trouvait ses propos philosophes et tout à fait vrais. Si bien, qu'elle ne loupait pas une miette de toutes ses paroles. Il venait de dire que la mort était naturelle. Oui c'est vrai. Tout être doit mourir un jour ou l'autre. Si ce n'est pas à cause d'une araignée mortelle, se sera naturelle donc de vieillesse. Chacun meurt suivant sa façon. Peut-être ai-je l'esprit un peu tordu ou quoi mais je pense que la mort peut arriver à tout moment et si on a la chance d'y échapper, un jour ou l'autre elle finira par nous rattraper, c'est la vie.

« Que de sages paroles, Toboe. C'est tellement rare de voir de jeunes loups penser ainsi. Je me doute bien que la mort soit une expérience qui t'a troublé et qui a fait de toi ce que tu es aujourd'hui. J'espère qu'elle n'entrave pas dans tes sentiments et dans ta douleur. Même si cela est peut-être le cas. Tout le monde passe par là, c'est le cycle de la vie. Et le fait de ne pas avoir eu la chance de sauver tes parents ne doit pas te ronger à l'intérieur ni te faire souffrir comme tu l'es encore aujourd'hui. Soit fière d'être devenu celui que tu es aujourd'hui, Toboe. Tes parents seraient fière de ce que tu es maintenant. »

Que de belles paroles. Qui avait dit qu'entre un loup du Sud et un loup du Nord, une amitié ne finirait-elle pas par éclore ? C'est dans les endroits les moins appropriés et les moins sur qu'on peut tomber sur des rencontres surprenantes et qu'on oubliera pas de si tôt. Un jour viendra, ou leur destin sera encore de se croiser, peut-être.

Toboe se réjouit, en ce jour, d'avoir fait la rencontre d'Alaska. Il n'avait jamais rencontrée auparavant de jeune louve aussi ouverte d'esprit, aussi attentive aux autres et aussi agréable avec eux. Il considérait comme une bénediction des dieux, peu importe lesquels, d'avoir eu la chance de faire sa connaissance. Il lui sourit quand elle lui parla et la remercia du regard. Elle lui fournit de précieux conseils et bien qu'il ne se sente pas franchement malheureux, il ne se sentait pas non plus franchement heureux. Il était quelque part entre ces deux états d'esprits. Il était heureux d'être parmi sa meute et d'avoir fait la connaissance d'Alaska, mais malheureux que ses parents ne soient pas là pour le voir. Il prit la parole quand il fut certain que la jeune louve au pelage d'hiver eut fini de parler.

- Je te remercie de ta compréhension et de ta bienveillance à mon égard Alaska, il me semble que je dois toutefois préciser quelque chose.

- Je ne suis pas malheureux à cause de ce qui est arrivé bien que cela soit ce que c'est et que ça soit difficile à vivre. Je suis malheureux parce que je pense que mes parents auraient été ravis de te connaitre et de nous savoir amis, dans notre famille nous avons toujours tenus les loups du Nord en haute estime, à raison de ce que je peux voir. Vous êtes vraiment un peuple à part.

Tout ceci n'était pas de veules flatteries, c'était l'expression de ce que Toboe ressentait au plus profond de son coeur. Il sourit de nouveau à la belle jeune louve qui partageait sa compagnie.

- Je vais te conter l'histoire de Kairos, ainsi sans doute me comprendras-tu, et le comprendras-tu, mieux.

- Mon frère Kairos a vu le jour au sein de la meute du Sud, malgré cela il n'a jamais été semblable à aucun d'entre nous. Un grand nombre de bruits et de rumeurs ont circulées et circulent toujours sur lui et son curieux pelage blanc comme la neige. une chose assez inhabituelle dans la meute du Sud.

- Vois-tu il serait tour à tour le fils d'une louve du Sud qui aurait eu un louveteau avec un loup du Nord, ou vice-versa. Selon d'autres il serait le rejeton de loups du nord qui l'auraient mis au monde dans leur terres par lâcheté afin de ne pas avoir à s'en occuper. Les plus mauvais diront de lui que c'est un enfant qui aurait du mourir à la naissance mais qui a survécu en aspirant la vie de ses parents quand il est venu au monde.

- L'année de ses deux ans il fut las d'entendre tout cela et fit sécession. Il tua plusieurs loups de la meute, ainsi que mes parents Kodi et Ruby, avec ses effrayants pouvoir d'absorption de l'énergie vitale. Pour finir il s'enfuit en direction du nord et depuis je n'ai plus aucune nouvelle de lui. C'est pour cela que je désire le retrouver autant que pour lui demander des explications.

- En ce qui me concerne, Kairos n'est que l'instrument de la mort de mes parents. Ce sont ceux qui ont fait de Kairos ce qu'il est devenu qui sont, selon moi, les seuls responsables de cette tragédie. Libre à toi de ne pas être d'accord avec moi.

Une fois encore il avait dit la vérité à la jeune louve au pelage d'hiver, sans rien ajouter et sans rien enlever, la vérité pure et dure. Peut-être même avait-il été trop direct et aurait du nuancer ses propos. Mais pour lui il était plus respectueux pour ses interlocuteurs de dire la vérité telle qu'elle était, même si elle était dure, plutôt que de passer par des chemins détournés et livrer une vérité édulcorée afin de la rendre plus acceptable aux yeux de la majorité.

Toboe semblait satisfait de voir que Alaska avait vu juste. Où du moins, il l'avait remercié du regard. Elle était ravie de pouvoir discuter en toute liberté avec un loup pas du même clan mais qui a une ouverture d'esprit surprenante. C'est en rencontrant des loups de ce genre que Alaska voulait en savoir plus sur les différentes meutes qui l'entoure. Même si le danger rode à tout moment, elle ne pouvait s'empêcher d'être curieuse et seine d'esprit. Son frère Dren, était peut-être un peu plus catégorique pour ce qui est d'en savoir plus sur les autres. Du moment que sa meute était en bonne santé et que sa famille l'était aussi ainsi que ses amis, il n'en avait que faire des autres meutes et des autres en général.

« Je ne suis pas malheureux à cause de ce qui est arrivé bien que cela soit ce que c'est et que ça soit difficile à vivre. Je suis malheureux parce que je pense que mes parents auraient été ravis de te connaitre et de nous savoir amis, dans notre famille nous avons toujours tenus les loups du Nord en haute estime, à raison de ce que je peux voir. Vous êtes vraiment un peuple à part. »

Alaska le regarda longuement. Oui c'était bien ce qu'elle pensait sans vouloir le dire. Ce loup n'est vraiment pas comme les autres. Elle aurait voulu connaître sa famille. Elle met les loups du nord en haute position et cela toucher au plus profond le coeur d'Alaska. Un sourire s'afficha sur son visage et Alaska lui renvoya son sourire.

« Je vais te conter l'histoire de Kairos, ainsi sans doute me comrendras-tu, et le comprendras-tu, mieux. »

Alaska s'assit alors et écouta Toboe raconter son histoire, sans broncher.

« Mon frère Kairos a vu le jour au sein de la meute du Sud, malgré cela il n'a jamais été semblable à aucun d'entre nous. Un grand nombre de bruits et de rumeurs ont circulées et circulent toujours sur lui et son curieux pelage blanc comme la neige. une chose assez inhabituelle dans la meute du Sud. »

Un frisson parcouru le pelage de la jeune louve. Elle se sentait visée, son pelage étant de neige, elle savait pertinemment que ce qu'il voulait dire c'était qu'il venait sans doute de la meute du Nord. Elle le regarda puis le laissa continuer son récit comme à son habitude.

« Vois-tu il serait tour à tour le fils d'une louve du Sud qui aurait eu un louveteau avec un loup du Nord, ou vice-versa. Selon d'autres il serait le rejeton de loups du nord qui l'auraient mis au monde dans leur terres par lâcheté afin de ne pas avoir à s'en occuper. Les plus mauvais diront de lui que c'est un enfant qui aurait du mourir à la naissance mais qui a survécu en aspirant la vie de ses parents quand il est venu au monde.
L'année de ses deux ans il fut las d'entendre tout cela et fit sécession. Il tua plusieurs loups de la meute, ainsi que mes parents Kodi et Ruby, avec ses effrayants pouvoir d'absorption de l'énergie vitale. Pour finir il s'enfuit en direction du nord et depuis je n'ai plus aucune nouvelle de lui. C'est pour cela que je désire le retrouver autant que pour lui demander des explications. »

Un ange passa. Alaska ne pouvait s'exclamer de surprise à chaque rebondissements que le jeune Toboe avait à lui faire partager. Alors Kairos serait le fils d'un membre du Nord. Mais de qui ? Alaska écouta encore son ami pour avoir plus de renseignements et ainsi peut-être reconnaître celui qu'il tentait de décrire.

« En ce qui me concerne, Kairos n'est que l'instrument de la mort de mes parents. Ce sont ceux qui ont fait de Kairos ce qu'il est devenu qui sont, selon moi, les seuls responsables de cette tragédie. Libre à toi de ne pas être d'accord avec moi. »

Ces derniers mots furent la touche finale à toutes attentes. Alaska laissa passer un long moment avant de répondre. Oui, si Kairos avait bien tué ses parents, c'était ce qu'il était qui est la cause de toute cette tragédie. Comment savoir si Kairos avait vraiment changé ? Selon Toboe, les responsables de la mort de ses parents sont ceux qui aurait influencé son frère et l'aurait fait devenir un meurtrier sans scrupule ? Peut-être. Mais tellement de possibilités sont à prévoir.

« Pour ma part, je pense être d'accord avec toi. Ton histoire est longue et difficile à comprendre. Elle est d'autant plus difficile que de cerner la véritable personnalité de ton frère, Kairos. Es-tu vraiment sûr qu'il ai changé, ou qu'il aurait été influencé par un autre loup ? Il peut très bien avoir perdu le contrôle de ses pouvoirs et avoir tué ses parents qui sont les tiens, sans le vouloir ? Il peut y avoir des milliers de solutions. Il faut que tu vois Kairos, sans aucun doutes. Mais qui pourrait t'aider à le retrouver ? Moi ? Je pourrais essayer d'en toucher deux mots à Dren, mon frère, sans qu'il sache toute cette histoire. »

Elle marqua une pause et regarda dans les yeux cette douleur qui s'était faîte en Toboe. Cette souffrance qu'il a enduré depuis l'enfance et qui ne cesse de rester. Il faut absolument qu'il voit Kairos. Ce serait une bonne idée pour enlever une partie de cette douleur ou la faire disparaître entièrement qui sait ?

Toboe fut heureux de voir l'attention et le crédit qu'elle apporta à son récit. Depuis la mort de ses parents il n'en avait dit mot à personne. Alaska était la première personne à qui il s'en ouvrait depuis que c'était arrive, à l'exception notable de le douce et tendre Mina, cette louve qu'il connaissait et appréciait depuis toujours. La louve du Nord était taillée dans un autre bois, forgée d'un autre acier. Elle était forte et fière, d'une inneffable beauté et d'une incroyable maitrise d'elle-même. Elle ne semblait juger personne sans le connaitre et connaitre son histoire, ce qui est indéniablement une bonne chose car ainsi elle ne fait pas de préjugés. Elle juge les gens à leur juste valeur ou si elle ne le peut pas, elle essaie au moins de le faire. Bien peu de loups aujourd'hui appliquent une telle démarche.

Le jeune loup du Sud était foncièrement convaincu que si dans les faits c'était bien Kairos qui avait tués leurs parents, il ne l'avait pas fait gratuitement. Il poursuivait un but certain et Toboe n'avait pas encore déterminé lequel, car il savait pertinemment que son frère d'adoption n'était pas loup à agir sans poursuivre un but précis. Il désirait savoir lequel et pour cela il n'avait qu'une seule façon de le savoir. Il devait retrouver Kairos et le lui demander en face. Il n'en crut pas ses oreilles quand il entendit Alaska qualifier le seigneur Dren, le fils du seigneur Ethan et dominant de la meute du Nord depuis sa mort. Instinctivement il s'inclina devant Alaska et attendit qu'elle lui en donne la permission pour se redresser.

- Pardonnez-moi Dame Alaska, je n'aurai pas du vous embarasser de mes histoires familiales. Vous devez avoir en têtes des soucis bien plus importants que le raisonnement et la réflexion d'un simple loup tel que moi, un loup d'une autre meute que la votre.

- J'ignorais que le seigneur Dren se trouvait-être votre frère. Autrement je vous aurai montré bien plus de respect que je ne l'ai fait. Veuillez m'en pardonner.

Il s'excusait sincèrement, son regard en témoignait de façon tout à fait certaine. Il ne le disait pas mais son regard trahissait clairement son envie de le demnder. Il s'en abstint en jugeant que cela serait grossier et malvenu de sa part vis-à-vis de la personne d'Alaska. Il aurait voulu sollicitr un entretient avec le seigneur Dren mais n'en mentionna rien car il savait que cela mettrait la jeune louve dans une situation embarassante, ce qu'il voulait à tout prix éviter. Il savait que son regard finirait par trahir sa requête mais il n'en dit mot car il savait qu'Alaska ne pourrait peut-être rien faire pour lui et il ne voulait pas abuser de sa bonté à son égard.

L'effet de surprise quand Alaska précisa qu'elle était la soeur de Dren était immédiat. Le jeune Toboe s'inclina devant la jeune louve au pelage de neige. Alaska sembla à la fois inquiète et impressionné du geste de ce loup venant du Sud. Elle ne pouvait plus parler pendant quelques secondes. Puis elle voulait lui dire pourquoi s'être incliné alors qu'il n'y avait pas de quoi le faire. Elle regarda derrière elle comme si quelqu'un était là mais personne. Juste elle et lui dans la grotte qui semblait encore plus silencieuse qu'avant.
Toboe semblait d'une gentillesse remarquable et Alaska n'avait pas l'habitude de lier une relation comme cela avec un membre du Sud. Elle voulait s'incliner alors elle aussi mais elle écouta d'abord les paroles de Toboe qui vinrent lui faire comprendre qu'elle n'avait pas à le faire.

« Pardonnez-moi Dame Alaska, je n'aurai pas du vous embarasser de mes histoires familiales. Vous devez avoir en têtes des soucis bien plus importants que le raisonnement et la réflexion d'un simple loup tel que moi, un loup d'une autre meute que la votre. »

Alaska ne dit pas un mot. Ses yeux grands ouverts, elle regardait Toboe d'un oeil curieux. Mais qu'est-ce qu'il avait dans la tête. " Dame Alaska " ? Mais que se passait-il, qu'avait-elle dit pour qu'il agisse ainsi ? La jeune louve le regarda et d'un signe de tête demanda à savoir ce qu'il se passait pour qu'il devienne comme cela. Mais ces histoires familiales pouvaient bien au contraire intéresser Alaska, s'il y avait bel est bien un loup de la meute du Nord responsable de la mort de ces parents, et aussi arrogant, il fallait qu'elle le découvre pour le bien de son frère et de la meute. Elle laissa échapper un bâillement et écouta Toboe sans broncher.

« J'ignorais que le seigneur Dren se trouvait-être votre frère. Autrement je vous aurai montré bien plus de respect que je ne l'ai fait. Veuillez m'en pardonner. »

C'était donc ça ! Il s'inclinait par respect d'être la soeur de Dren. C'était la première fois qu'elle devait se faire respecter par un loup d'une autre meute. Pas question qu'il s'excuse, au contraire ! Au camp, tout le monde la voit comme " la soeur de Dren ", " la soeur du chef " donc tout le monde demande de ses nouvelles et même plus, il y en a qui demande des nouvelles de Dren en passant par elle et qui propose leur services juste pour atteindre leur chef. C'est insupportable parfois, mais faut dire qu'il y en a qui sont ses amies et qui comptent plus que tout. Et oui. Dren étant son frère, elle doit passer par les projecteurs bien souvent. Mais la jeune Alaska reste quand même une louve bien discrète pour son genre.

« Tu n'as pas à t'excuser Toboe. Je suis peut-être la soeur de Dren, mais je reste avant tout Alaska, une louve de la meute du Nord. Ne me mettez pas d'étiquettes je vous pris. Bien peu de monde me considère déjà que comme Alaska alors si je dois être " la soeur de Dren " pour vous... »

La jeune combattante laissa sa phrase en suspend et regarda Toboe dans les yeux. Pour une fois, elle avait profité d'être que Alaska avec un membre de la meute du Sud. Elle a pu être elle-même. Celle qui ne donne pas d'étiquette et qui écoute les problèmes des autres. Sinon parfois à la meute, elle n'est pas au courant des ragots car elle est la soeur du chef, donc il ne faut pas l'embêter avec ça. Mais là, pour une fois qu'elle avait un problème et qu'elle voulait le résoudre, tout était à son honneur. Peut-être fut-ce une erreur de lui avoir dit sa relation familiale avec son frère, peut-être se méfierait-il ou se moquerait-il. Mais je pense que Toboe n'est pas comme cela.

Dans son regard, Alaska remarqua qu'il semblait hésitant et ailleurs. Comme si une question qu'il voulait lui poser le tourmenter et qu'il se retenait de vouloir lui dire. Mais qu'attend-t-il ? Qu'il neige ? Qu'il pleuve ? Non de dieu ! Il faut qu'il me le dise, on se fait confiance, et maintenant faudrait qu'il y est des tensions juste pour avoir dit sa situation ? Elle le regarda droit dans les yeux et ne cilla pas.

« Toboe. Tu m'as l'air bizarre. Qu'est-ce qui te tourmente ? Je suis peut-être la soeur de Dren et justement je pourrais t'aider. Tu m'as raconté la majeur partie de ta vie et après avoir dit mon statu avec Dren, le silence de la grotte est encore plus pesant qu'avant. Que se passe-t-il ? Voudrais-tu me demander quelque chose ? Tu peux tout me dire. Après tout on a plus de secrets maintenant pas vrai ? »

Alaska regarda son ami profondément. Elle voulait cerner ce qui le souciait. Ce qui le rendait mal et ce qui le rendait dans un état pareil. Aurait-il vu un fantôme ? Non je ne crois pas. La jeune louve tenta de se rapprocher de Toboe pour qu'il comprenne qu'il n'avait aucune crainte a avoir et encore moins de services à demander. Alaska avait tout à fait confiance en lui et elle ne le laisserait jamais tomber.

La manière de Toboe de donner le titre de "Dame" à Alaska n'avait rien de spécifique à sa personne, son regard ne devrait pas tarder à le lui faire comprendre. Il agissait ainsi avec tout dominant ou quelconque membre de sa famille. Le respect dû à la famille dirigeante d'un clan était à ses yeux la toute première règle de courtoisie à respecter, tout comme le respect envers n'importe quel membre de n'importe quelle meute bien qu'il ne le manifeste pas de la même façon. En écoutant la réponse d'Alaska il comprit parfaitement ce qu'elle devait ressentir bien qu'il ne soit pas du tout dans la même situation.

Il était dans une situation similaire toutefois puisque depuis son retour rares étaient les moments, à l'exception de ceux qu'il passait avec Mina, où l'on ne lui posait pas toujours des questions sur ses parents ou sur Kairos auxquelles il n'avait strictement aucune envie de répondre et qu'il éludait quasi systématiquement. Mais alors pourquoi avait-il eu tant de facilités à en parler avec Alaska ? Au fond de lui-même il savait pertinemment pourquoi. Il s'était senti en confiance avec elle et qu'il pouvait lui en parler sans craindre de jugement de sa part.

- Je m'excuse si le titre de "Dame" vous dérange, vous froisse ou vous excède. Je vous assure que cela n’était nullement dans mon intention.

- J’appelle ainsi toutes les personnes que j’estime plus importantes que moi en gage de mon profond respect pour elle. Qu’elle le soit dans mon clan ou dans un autre ne fait à cet égard aucune distinction à mes yeux.

Il avait été tout à fait sincère avec elle mais n’avait pas fini de parler. Il redressa la tête en comprenant que cela la gênerait plus qu’autre chose qu’il reste ainsi, d’autant qu’il y avait le risque que d’autres loups du clan voient cela et ne se mettent à douter de sa loyauté vis-à-vis de son clan et de son dominant. Pour une fois qu’elle pouvait être simplement Alaska et non pas « la sœur de Dren » ou « la sœur du chef », il comprenait qu’elle n’ait pas envie que lui aussi la qualifie ainsi. Il reprit la parole après avoir repris sa respiration, ne voulant surtout pas être vexant parce qu'il l'appréciait sincèrement.

- Eh bien c’est assez délicat… Mais puisque vous voulez vraiment le savoir je vais vous le dire.

- Je voulais savoir s’il vous était possible de demander au seigneur Dren s’il veut bien me laisser venir sur vos terres pour retrouver Kairos. Je ne voulais pas vous en parler afin de ne pas vous indisposer au cas où vous ne puissiez rien y faire.

Il se dit qu’il avait bien de la chance d’avoir rencontrée une jeune louve comme Alaska. Elle semblait vraiment toujours prête à aider les gens qu’elle appréciait et estimait, un peu comme lui d’une certaine manière. Peut-être était-ce parce qu’il se retrouvait un peu à travers elle qu’il parvenait à lui parler avec tant de facilité. Le pesant silence de la grotte se dissipa et tout redevint comme avant qu’il n’apprenne qu’elle était la sœur de Dren.

Si pour la contenter il devait agir avec elle comme avec n’importe qui il le ferait. Cela ne le gênait pas le moins du monde bien au contraire. Il n’aimait guère la rigueur et le formalisme comme il le lui avait dit au tout début de leur rencontre. Son sentiment qu’elle était vraiment une personne à part ne fit que s’accroitre encore un peu plus au fur et à mesure que le temps passait.

- J’imagine que bientôt vous devrez me laisser pour retourner parmi les vôtres. Ils risquent de s’inquiéter au sujet de votre absence.

Il n’émettait là qu’un pure supposition. Il se disait que la sœur d’un chef de clan avait plus important à faire que de converser de choses et d’autre avec un loup du sud. Il se fit toutefois la réflexion que puisqu’il lui parlait de Kairos et qu’il était dans son clan désormais ce qu’il avait à dire l’intéressait. Oui, c’était sans doute cela qui la poussait à avoir cette conversation. Mais au fond il savait très bien qu’il y avait plus que cela, qu’il y avait entre eux un respect et une réelle affection malgré le fait qu’ils ne se connaissaient que depuis peu et que tout semblait les séparer.

Appeler toutes les personnes importantes " Dames " était d'un respect inestimable mais c'était bien la première fois que Alaska entendait cela sortir de la bouche d'un membre de la Meute du Sud. Sa sincérité était une de ces plus grandes qualités, d'ailleurs le nombre de qualité qu'il avait semblait être plus important que ces défauts, c'est une bonne chose. Beaucoup son contraire à cela et ce n'est pas la première fois qu'elle le verrait. Bien qu'elle soit dans une situation de haut grade étant la soeur de Dren, elle ne vouait pas attirer les regards, ni même qu'on la respecte de trop pour cela. Elle n'était qu'une louve du Nord s'appelant Alaska. Rien de plus. Elle suivait comme les autres loups les instructions de son chef et n'avait pas de compte à rendre. Mais bon. Faut dire qu'elle est réellement la soeur du chef. Oui. Fallait-il en faire toute une histoire ? Bien sur que non ! Evidemment.

Toboe hésita quelques secondes avant de répondre. Il voulait être sur de ma réponse et ne pas me froisser comme il dirait. Mais rien n'y fait, je ne suis pas froissée d'être en si bonne compagnie. Au contraire ! C'est une bonne chose et avoir fait sa rencontre quelques heures plus tôt à confirmé ma pensée. Comme quoi " les meilleures rencontres sont faîtes dans des lieux totalement illicites. " C'est ni plus ni moins que la bonne chance, la bonne étoile de rencontrer des loups aussi extraordinaires que cela.

« Je voulais savoir s’il vous était possible de demander au seigneur Dren s’il veut bien me laisser venir sur vos terres pour retrouver Kairos. Je ne voulais pas vous en parler afin de ne pas vous indisposer au cas où vous ne puissiez rien y faire. »

Maintenant qu'il avait dissiper ces doutes et entreprit de poser la question qui le tourmentait, Alaska se posa sur le sol et réfléchissait comme pour laisser écouler quelques secondes de plus entres cette réponse et la sienne. Bien sur qu'elle pouvait faire cela quelle question ! Retrouver Kairos sera donnant-donnant vu que Alaska voulait le retrouver elle aussi car savoir qu'il n'est pas celui qu'il prétend peut avoir des incidences sur la Meute et Dren pourrait se retrouver piéger dans son propre habitat. Elle repensa à tout ce que Toboe avait résumé sur Kairos, cet assassin ou ce loup qui aurait été influencé ou changé ou même manipulé ? Il peut y avoir plusieurs solutions dans les cas là et faudrait-il vraiment toutes les envisager ? Peut-être.
Alaska le regarda longuement et lui répondit d'une voix douce et légère.

« Je peux t'aider. En parler à Dren serait une excellente idée pour avancer les recherches. Tu veux le retrouver ? Ben moi aussi ! Il faut qu'on le retrouve et qu'il nous raconte son histoire. Si tu prétends bien qu'il est dans la Meute du Nord, je l'accepte et te fais confiance. Alors j'irai en parler à Dren, dès mon retour au camp assuré. »

Sur ces dernière paroles, elle se rappela soudain que le temps passé vite et que maintenant, le ciel s'assombrissait petit à petit. La journée commençait à s'achever et Alaska devra bientôt retourner au camp. Il ne faut pas oublier qu'elle doit prévenir Dren sur ce Kairos et donc raconter toute sa rencontre avec Toboe ? Non ce n'est pas une très bonne idée. En revanche elle pourrait lui demander sans préciser le nom de Toboe. Après tout, on a tous nos petits secrets.
Le ciel passait du bleu ciel au bleu océan à la vitesse de l'éclair. Alaska se leva et de quelques foulées atteignit la sortie de la grotte. Elle se retourna et fit signe en direction de Toboe. Peut-être avait-il encore quelque chose à rajouter avant que je parte ? Tel est la question.

Toboe avait pour habitude de se montrer courtois vis-à-vis de tous ses interlocuteurs, qu'il les apprécie ou pas. A ses yeux la courtoisie est l'attitude la plus élémentaire à adopter lors d'une conversation avec un loup ou une louve d'un rang supérieur, ou même égal, au sien. Pour lui il n'y avait pas de rang inférieur, ils étaient tous au même rang à l'exception notable des dominants et de leur famille. Oui, voilà le genre de loup qu'est Toboe, un de ceux qui placent le respect et la politesse avant toute autre chose dans tous les rapports qu'ils entretiennent.

Il écouta avec attention la réponse d'Alaska à sa requête. Il resta d'un calme olympien, comme naguère quand il activa son pouvoir de contrôle sur l'espace-temps. Seules deux choses indiquaient qu'il ne l'utilisait pas, il avait les yeux ouverts et aucune aura lumineuse ne l'entourait, son pouvoir n'était donc pas actif. Il regardait la jeune louve blanche, non sans émotion. Il aimait beaucoup sa compagnie et ne manquait pas de le lui faire savoir. Il savait que bientôt elle devrait partir et essayait déjà de se faire à l'idée de la quitter. Bien sûr il ferait en sorte qu'ils puissent se revoir le plus tôt possible. Mais s'il n'y arrivait pas il se passerait sans doute un long moment avant qu'ils ne puissent se revoir. Il la regarda et quand elle eut fini de parler il prit la parole à son tour.

- Je te remercie du fond du coeur Alaska. Merci de donner suite à ma requête auprès du seigneur ton frère.

- Tu as raison, il est d'autant plus important pour toi de le retrouver maintenant que pour moi. Après tout il est l'un des vôtres à présent.

- Néanmoins je doute qu'il vous laisse l'approcher d'assez près pour obtenir quoi que ce soit de lui. Si je suis avec vous il y a plus de chance qu'il vous apporte de l'attention. Quoi qu'il ait pu se passer entre nous, nous restons frères et il m'écoutera sûrement plus qu'il ne vous écoutera.

Il écoutera peut-être le seigneur Dren. Mais pas vous bien que vous soyez sa soeur. Contrairement à moi il ne reconnaît d'autorité sur lui que celle du dominant ou de sa compagne, mais d'aucun autre membre de sa famille. Je sais comment il fonctionne et il m'étonnerait vraiment qu'il écoute ce que vous avez à lui dire. Pour cela il vaudrait mieux que le seigneur Dren ou moi-même soyons avec vous quand vous lui parlerez.

- Il est dangereux, ne va pas à sa rencontre seul. Je ne voudrai pas que tu subisses le même sort que mes parents. Je ne supporterai pas de perdre encore un être cher à mon coeur. Et surtout pas toi.

Jamais depuis le début de leur conversation il ne s'était montré aussi enflammé. Il aimait vraiment Alaska, cela se voyait dans son regard et se ressentait jusque dans l'air. Il ne voulait pas qu'il lui arrive malheur pour la raison la plus simple au monde. Il était tombé amoureux d'elle.

Oui. Lui, Toboe un banal loup de la meute du Sud, il était tombé amoureux d'Alaska, la soeur du seigneur Dren, dominant de la meute du Nord. Cela pouvait sembler incroyable voir même grotesque pour certains, mais pourtant cela se voyait et se ressentait. Il l'aimait vraiment et qui savait vraiment regarder comprendrait qu'il serait prêt à tout pour elle. I l'aimait et il ne voulait pas la perdre. Pas elle. Pas elle aussi. Il avait déjà suffisemment perdu et suffisemmment souffert, il ne souffrirait pas d'avantage. Il ferait tout pour la protéger quoi qu'il lui en coûte. Voilà la véritable force de ses sentiments pour elle.

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